2008-11-26

La chance ratée de Mario Dumont

Mario Dumont se devait de remporter le débat d'hier haut-la-main s'il voulait une chance de maintenir une bonne représentation à l'Assemblée nationale. Il ne l'a pas fait. Ce n'est pas parce qu'il n'en a pas eu l'opportunité.

En fait, comme un excellent boxeur, M. Dumont a jabbé continuellement, afin de faire baisser les bras à son adversaire principal, M. Charest. Ses attaques répétées ont porté fruit : lorsqu'il a demandé à M. Charest le montant de la dette du Québec, ce dernier a été pris de court. On voyait sur le visage de M. Charest, ainsi que dans ses propos, qu'il réalisait qu'il venait de se faire avoir. Il s'est débattu tant bien que mal et est repassé à l'attaque, afin de ne pas devoir se défendre.

Dans cette instance, M. Dumont a péché par excès d'indulgence. En effet, pour un premier ministre qui se targue de mettre l'économie d'abord, comment se fait-il qu'il n'ait aucune idée du niveau de la dette nationale? M. Dumont avait là une occasion en or de capitaliser sur l'ignorance de M. Charest.

En fait, tout comme M. Charest repassait sans arrêt sa « cassette » à propos des erreur du gouvernement péquiste qui l'a précédé, M. Dumont aurait pu tout aussi bien revenir à l'attaque sans arrêt sur cette grosse bourde de M. Charest.

M. Dumont était sur la défensive au lieu d'être sur l'offensive, ce qui ne lui a pas permis de voir et de capitaliser sur cette ouverture. Il aura encore la chance de le faire dans les jours à venir, mais je crois qu'il sera trop peu, trop tard.

2008-11-25

Le débat québécois 2008

La formule du débat de cette année est plus intéressante que ce qui a été offert dans les élections fédérales du mois d'octobre.

En gros:

  • M. Charest est celui qui a réagi de la façon la moins émotive. Plusieurs de ses affirmations ont été accueillies avec des holas de la part de M. Dumont et Mme Marois. Il a utilisé la technique du disque brisé à plusieurs reprises pour remettre les « fautes » de Mme Marois sur la table. Lorsqu'il parlait, il était sûr de lui, utilisait un ton de voix fort et direct. Le gros problème de M. Charest, c'est qu'il ne regarde pas les gens dans les yeux. C'est souvent un signe de mensonge, ou tout du moins, que l'on cache quelque chose. Il est le plus convaincant lorsqu'il regarde les gens dans les yeux, qu'il se penche vers l'avant et qu'il parle sans hésiter. Sa vraie force c'est de passer à l'attaque, mais pour répondre (même lorsqu'il répond aux téléspectateurs) ils est moins que convaincant.

  • Mme Marois a été très combative. Elle n'avait pas le choix, sinon elle n'avait aucune chose de gagner et de marquer des points. Elle a eu souvent à défendre la performance du gouvernement péquiste de Bernard Landry. En somme, je trouve qu'elle l'a bien fait. Elle a su aller au-delà de son image de « snob ». Pour un premier débat en 30 ans, elle avait l'air à l'aise et sure d'elle. Ce que je n'ai pas aimé : les interruptions incessantes. Par moment, j'avais vraiment l'impression qu'elle n'écoutait pas. Est-ce un signe de son style de gestion? Ou est-ce le signe d'un vraie bagarreuse ?

  • M. Dumont: quoi dire? Il devait faire un KO sur toute la ligne et il n'a pas réussi. Il a émis des idées intéressantes mais elles ne se sont pas élevées au-dessus de celles de M. Charest et Mme Marois. Il a été bon, mais il aurait fallu qu'il soit extraordinaire.

  • Stephan Bureau, l'animateur, a été noyé par moments mais il semblait s'amuser comme un poisson dans l'eau. Parfois, il avait de la difficulté à établir son autorité mais il n'a jamais eu à appuyer sur le bouton qui éteignait le micro des trois candidats. Quand les débats était le plus houleux, il a quand même réussi à imposer sa loi sans élever la voix et sans faire de menace. Il est un animateur compétent, respectueux, et fort sympathique.

Somme toute, un bon débat. Mais selon moi, pas encore assez pour faire les électeurs changer d'avis.

Où donc sont passés les orateurs qui nous touchent tant dans la tête, le coeur et l'esprit?

2008-11-21

Les cartes d'affaires qui rendent fou

Depuis quelques semaines, je porte beaucoup plus d'attention au design des cartes d'affaires que je reçois. J'ai fait refaire les miennes récemment et il y a certains éléments que j'aime moins, maintenant que je les ai dans mes mains. Je vais y porter des changements lors de la prochaine impression.

Voici certains éléments de design graphique qui, selon moi, sont importants dans la création d'une carte d'affaires:
  • Un excellent contraste: le jaune sur le blanc, le brun sur le noir, même le bleu sur le noir sont des combinaisons qui sont frustrantes à déchiffrer. Bleu sur blanc, noir sur blanc, noir sur jaune: un contraste fort est essentiel pour la lisibilité.
  • Une police de grande taille: c'est un des problèmes de la mienne. La police que j'ai utilisée est trop petite à lire. L'information y est, le contraste est bon, mais mon nom, numéro de téléphone et courriel sont trop petits. La prochaine fois, je les ferai plus gros, quitte à mettre seulement mon nom, mon courriel et mon numéro de téléphone sur l'endos et l'adresse et autres informations au verso. Les informations de contact primaires doivent être facilement lisibles.
  • Un seul nom: peut-être que je suis vieux jeu, mais les cartes d'affaires contenant deux, trois ou quatre noms me rendent fou! Dans une soirée, je peux rencontrer une vingtaine de personne ou plus et parfois, on me tend une carte sans que j'aie le temps de la regarder. Le lendemain, ou le surlendemain, quand je les regarde et qu'il y a plusieurs noms sur une carte, je ne sais plus de quelle personne il s'agit. C'est à en devenir dingue.
Le phénomène des cartes à noms multiples en est un assez récent. Je ne sais pas si c'est pour être plus "vert" ou non, mais au niveau de la communication, ce n'est pas l'approche la plus efficace.

2008-11-17

55-38-7? Ben voyons donc!

En attendant de me faire servir dans un restaurant, je surveillais ce qui se passait autour de moi. De loin, j'ai aperçu un homme, qui semblait tituber légèrement en marchant, se diriger vers la porte d'entrée du restaurant. Il portait un jeans délavé, un T-shirt qui n'était pas immaculé et il ne souriait pas du tout. Il est entré et s'est approché du propriétaire, à qui il a glissé une liasse de billets pliés. Il lui a glissé quelques mots à l'oreille, puis le propriétaire a empoché l'argent et l'homme est ressorti.

Qu'est-ce qui s'est passé? Je ne sais pas pour vous mais à mes yeux, je venais de voir la conclusion d'une transaction illicite. J'ai surement tort. En tout cas, je l'espère bien! Je n'ai pas envie de me retrouver dans ce restaurant alors qu'une descente policière s'y prépare!

Ma réaction est probablement exagérée. Par contre, cela montre l'effet des premières impressions et les erreurs qui peuvent être commises en sautant trop rapidement à des conclusions.

Ce qui m'amène à parler du langage non-verbal. Quand je donne des formations sur l'art oratoire, je passe toujours une partie de mon temps à parler de langage non-verbal. En particulier, je traite de la statistique 55-38-7.

C'est une statistique que vous verrez souvent lorsque l'on parle de communication non-verbale: 55% de votre communication vient de votre langage non-verbal, 38% vient du ton de la voix et seulement 7% provient des mots utilisés.

La première fois que je l'ai entendue, ce fut une révélation! J'étais certain d'avoir découvert LE secret de l'art oratoire. Et comme beaucoup d'autres, je me suis mis à citer cette statistique dans mes discours et formations.

Le problème est que cette statistique est fausse. Ou du moins, elle n'est pas citée à bon escient. La statistique sert simplement à expliquer pourquoi on ne croira pas quelqu'un qui dit une chose, mais dont le ton de voix et le corps démontre autre chose. Par exemple, quelqu'un qui dit « Je suis content d'être parmi vous » mais qui ne sourit pas, ni ne regarde les personnes à qui il parle, aura de la difficulté à convaincre son auditoire.

Mais de là à extrapoler cela à toute interaction, il y a un pas... par-dessus un gouffre! Il y a des moments où la communication se fait pratiquement entièrement par les mots. Le non-verbal et le ton de voix ne viennent que rendre la communication plus agréable, sans pour autant la rendre plus valide ou moins valide.

Je m'explique: disons que je vous enseigne comment utiliser Excel de Microsoft et que je parle des tables de pivot. Je pourrais vous en expliquer leur fonctionnement en lisant le contenu des pages d'aide de Microsoft. Ou, je pourrais vous l'expliquer en mes propres mots en vous montrant sur un écran comment faire. Ou encore, je pourrais vous raconter l'histoire du singe, du bananier et du boyau de pompier afin de vous préparer à vivre l'expérience la plus phénoménale que vous ayez jamais eue avec un ordinateur!

À la fin de chacune de ces trois approches, vous aurez la même quantité d'information. L'information sera la même. Par contre, dans le premier cas vous vous serez probablement endormi en écoutant; dans le second, vous aurez peut-être été plus attentif à l'image projetée devant vous; dans le troisième cas, vous aurez probablement été surpris, vous aurez ri et vous aurez apprécié votre moment d'apprentissage.

Par contre, en aucun cas l'information sera-t-elle invalide. Bien sûr, je prends pour acquis que dans les trois approches le contenu relié à Excel est correct. Je n'aurai pas livré plus d'informations dans un cas ou dans l'autre. Par contre, vous aurez probablement apprécié une forme plus qu'une autre.

Lorsque vous entendez les gens citer la statistique 55-38-7, ils diront quelque chose qui ressemble à ceci: « 55% de ce que vous communiquez provient de votre langage non-verbal, 38% provient de votre ton de voix et seulement 7% provient des mots que vous utilisés. Donc ce que vous dites n'est pas important, c'est la manière dont vous le dites qui compte. » On parle alors d'avoir une posture ouverte (ne pas garder les bras ou les jambes croisées), de regarder les gens dans les yeux, de sourire, etc.

Albert Mehrabian, l'auteur de la recherche originale ayant mené à la découverte de ces statistiques (publiée dans le livre Silent Messages) , a toujours déploré cet abus du résultat de son travail. Il dit que ces chiffres représentent la réalité uniquement lorsque l'on exprime des opinions ou des sentiments.

Lorsque l'on me dit que les mots ne sont pas importants, je me demande souvent quelle serait la réaction des prisonniers dans une prison à haute sécurité si je leurs disais, avec mon plus grand sourire et mon ton de voix le plus amical: « Vous êtes des imbéciles... »

La leçon pour ceux et celles qui ont à prendre la parole en public est ceci: oui, c'est vrai que le non-verbal est important dans une présentation. Mais il ne faut pas croire qu'un bon non-verbal à lui seul sauvera un discours, si vous n'avez rien à dire.

Les paroles comptent.

2008-11-16

Est-ce que la solution est plus grande que le problème

Aujourd'hui je discutais avec un médecin d'expérience de la situation des médecins d'expérience, c'est-à-dire, ceux qui s'approchent de la retraite. Il m'expliquait qu'il devait encore faire des gardes, qu'il travaille encore cinq jours, ou plus, par semaine et que lorsqu'il sera à sa retraite, il va arrêter complètement.

Dans la discussion, ma femme et moi lui avons demandé pourquoi il ne prenait pas une retraite graduelle, en travaillant pas un jour ou deux par semaine seulement au lieu de passer d'un coup sec de cinq jours par semaine, à rien. Il nous a ouvert les yeux sur un aspect de la profession médicale que je ne connaissais pas.

D'après ce que j'ai compris (et j'invite un médecin à me corriger si j'ai tort), un médecin a deux statuts possibles au yeux du gouvernement québécois: il est actif, ou il est inactif. S'il est actif, il a une charge de travail de 100%. S'il est inactif, sa charge est de 0%. Il n'y pas d'entre deux, donc un médecin ne peut travailler à temps partiel.

Si un médecin, pour une raison ou une autre, décide de travailler moins d'heures par semaines, on ne peut le remplacer. La charge de travail qu'il n'exécute pas doit être prise en charge par les autres médecins. Par exemple, s'il y cinq médecins dans un département et que l'un d'eux ne travaille que trois jours par semaine, on ne peut engager un sixième médecin pour combler les deux autres jours. La responsabilité incombe aux quatre autres médecins.

La raison de cette situation est simple: à l'origine, on voulait forcer les médecins à aller pratiquer en région, là où la plupart d'entre eux ne voulaient pas aller. En assignant une charge complète de travail à chaque médecin et en imposant un nombre strict de médecins pour chaque région du territoire, tout médecin voulant pratiquer devait se déplacer là où il y avait de la place.

Cette solution a probablement rencontré un certain succès, mais maintenant, peut-être faut-il penser à la modifier car elle commence à montrer des effets néfastes. Parmi ces effets, je note les suivants:
  • Les jeunes médecins n'ont pas la chance d'être exposés à ceux qui ont plus d'expérience. Ils apprennent sur les bancs d'école, puis commencent à travailler. Mais comme ce médecin me l'expliquait, les médecins voient beaucoup de cas qui n'apparaissent pas dans les livres. Dans ces cas, c'est l'expérience du métier qui dictera la marche à suivre. Mais qu'arrive-t-il si les jeunes médecins n'ont pas un accès facile à cette expérience dans leur entourage immédiat?
  • Un médecin de soixante ans n'aura peut-être pas envie de travailler cinq jours par semaines, alors qu'à trente ans cela le dérangeait moins. Peut-être que cela peut l'inciter à quitter la profession en prenant une retraite anticipée, alors qu'en ayant la chance de travailler une ou deux journées en moins par semaine, il serait prêt à travailler plus longtemps.
  • Pas de conciliation travail/famille, surtout pour les jeunes médecins. Lorsque l'on sait que les médecins doivent régulièrement faire des gardes de 24 heures ou faire des fins de semaine complètes, cela rend la tâche du jeune parent beaucoup plus difficile.
Les baby boomers commencent petit à petit à quitter la profession. Certains attendent l'âge de retraite, mais plusieurs optent de le faire plus tôt, parce que la situation dans les hôpitaux devient plus lourde et plus difficile. L'exode massif de tout ce savoir, toute cette connaissance et toute cette expérience ne peut être une bonne chose pour les Québécois, surtout si cette connaissance n'est pas transmise aux plus récentes cuvées de médecins.

Quelles solutions sont possibles?
  • Permettre aux médecins âgés de travailler à temps partiel. Si deux médecins d'expérience se partagent une semaine de travail, les coûts ne sont pas plus élevés pour l'état que si ces deux médecins travaillent à temps plein. Par contre, cela permet à au moins un jeune médecin de prendre la place laissée vacante.
  • Offrir aux médecins plus âgés de faire une ou deux journées de mentorat rémunéré auprès des plus jeunes médecins. Les coûts seront plus élevés mais le transfert et le partage d'expérience est inestimable. L'apprentissage des jeunes médecins en sera accéléré, les médecins à la retraite se sentiront encore utiles pour la communauté et pour leur profession, et la population sera mieux servie à long terme.
À mes yeux, la situation actuelle est une solution à un problème qui risque de coûter plus cher à l'état et risque de causer plus de problèmes à long terme, que la recherche d'une solution alternative.

Dans les années '90, le gouvernement québécois a payé un prix élévé en tentant de mettre à la retraite anticipée une partie du corps médical (médecins et infirmiers/infirmières). À cette époque, on a offert une prime à tous ceux et celles qui souhaitaient quitter la médecine. La raison? On tentait de diminuer les dépenses et on a tenté de le faire en diminuant la masse salariale de l'ensemble des médecins et infirmières.

Malheureusement, le programme a été trop populaire: il y a eu plus de retraites que prévues et depuis lors, la situation dans les hôpitaux ne cesse de se détériorer. Pis encore, plusieurs médecins et infirmières ont été rappelés de leur "retraite" pour les inviter à se joindre à nouveau à la profession médicale. Donc, en fin de compte, cela aura coûté plus cher en argent et en capital humain.

Il n'est pas trop tard pour éviter les gros problèmes dans le système de la santé. Il suffit de mettre les egos de côté, de dialoguer et de chercher une solution qui soit profitable pour le gouvernement, pour les médecins et infirmières, et surtout, pour la population vieillissante.

2008-10-21

Vivre avec la cécité

Hier, Stéphane Dion, le chef du parti libéral du Canada, a annoncé qu'il quitterait la direction de son parti dans quelques mois, lorsqu'un autre chef aura été élu. M. Dion faisait sa première apparition publique depuis les élections du 14 novembre, où son parti a subi l'une des pires défaites de son histoire. Cette annonce a pris bien des gens par surprise car l'on s'attendait à ce qu'il démissionne complètement et qu'il cède sa place à un chef intérimaire.

Bien que M. Dion ait accepté une part de responsabilité pour la défaite du parti, sa conférence de presse d'hier n'était pas à l'image d'un réel leader. Ce qui m'a agacé, c'est sa façon de blâmer les autres ou les évènements pour ses déboires. En particulier, il a blâmé la propagande du parti conservateur et le manque d'argent. En fait, M. Dion accepte la responsabilité de la défaite des Libéraux, sans toutefois admettre qu'il ait commis des erreurs.

Selon lui, il a fait une bonne campagne et sa plate-forme verte était une bonne stratégie. Pourtant, les résultats sont loin de confirmer cette version des faits.

M. Dion est uun homme persévérant; certains diraient même qu'il est têtu et à la fin, je crois que c'est la raison ultime de sa défaite. Il a choisi de centrer son message autour de son Plan Vert, contre l'avis de tous. Il décide de rester à la tête d'un parti en difficulté, à l'encontre de ce qui serait probablement mieux pour son parti et pour lui. Son raisonnement est intéressant: il ne veut pas laisser un parti en désarroi à son successeur. Mais avec seulement six mois pour régler le manque de financement, le guerres intestines ainsi que les défis auxquels le Canada fait face, les défis sont grands et les risques personnells sont énormes pour M. Dion. Mais il ne semble pas les voir.

La persévérance est une bonne qualité, mais par moments il faut savoir quand elle est de mise et quand il faut apprendre à laisser aller. Le laisser aller ne peut venir que lorsqu'on est en mesure de prendre du recul, d'analyser une situation froidement et de prendre une décision éclairée.

M. Dion n'est pas le seul à subir ce genre de cécité. Nous avons tous péché par excès de confiance, ou en s'attribuant une importance qui défiait la réalité. C'est aussi courant en politique (rappelez-vous Bill Clinton), qu'en entreprise (combien de PDG ont malmené leur compagnie sans admettre qu'ils causaient plus de tort que de bien), que dans nos vies personnelles.

Tout comme l'empereur qui ne portait pas de vêtements, il faut parfois une personne de l'extérieur pour nous faire voir la réalité en face. À condition, bien sûr, que nous soyons prêts à l'écouter.

2008-10-01

Un débat pour la tête

Le débat des chefs 2008 est terminé. Une formule différente où les chefs sont assis au lieu d'être debout, le tout loin d'une foule. Une formule où tout le monde était contre Stephen Harper.

Somme toute un débat relativement terne, où il n'y a pas eu beaucoup de montées de lait et où tous les candidats étaient sur leur 31.

Les éléments que j'ai retenus dans les performances:

  • Stephen Harper: a passé beaucoup de temps sur la défensive. Il a attaqué peu et s'est contenté de repousser les attaques les plus percutantes. De plus, il a passé beaucoup de temps à regarder vers le sol pendant qu'il parlait. Il a regardé les gens peu dans les yeux. C'était peut-être parce que le débat était n franais et qu'il était mal à l'aise. Mais cette attitude lui donnait l'impression de ne pas nécessairement dire la vérité. La seule fois où il a regardé dans les yeux et qu'il a soutenu ce geste était lorsqu'il complimentait Jack Layton. Et curieusement, c'est la fois où je l'ai senti le plus sincère. (Pour ceux qui n'auraient pas regardé, une des questions posées aux chefs leur demandait de complimenter la personne à leur gauche.) Tous les autres chefs ont complimenté les autres, mais c'étaient un compliment du revers de la main, les chefs trouvaient moyen de se lancer des fleurs (Duceppe) ou trouvaient moyen de ne pas trouver du bien à dire de l'autre pendant les 45 secondes (Layton, Dion et particulièrement May).

    La voix de Harper était particulièrement basse. Assez que chaque fois qu'il parlait, les autres devaient se taire afin de comprendre ce qu'il disait. Encore une fois, je ne sais pas si c'était dû à la gêne ou si c'était calculé. C'était efficace pour se faire entendre mais par contre, ça ne montre pas beaucoup de vigueur du côté d'un premier ministre.
  • Stéphane Dion: il avait la bonne habitude de répondre aux
    questions du public en regardant la caméra dans le yeux. C'est un
    excellent moyen d'établir un lien et pour Stéphane Dion c'était essentiel. Dion a été le plus combatif des cinq, probablement parce qu'il avait quelque chose à prouver. C'est celui qui avait l'approche la plus claire: critiquer Harper et immédiatement compléter en disant "Un gouvernement libéral fera..." et il disait ce qu'il comptait faire. Il a mieux paru qu'à l'habitude mais peut-être pas assez pour attirer assez de votes pour battre Harper.
  • Gilles Duceppe: fidèle à lui-même. Il est toujours très précis dans ses attaques: "Regardez à la page 30 de votre programme et vous verrez qu c'est écrit." Duceppe donne l'impression de passer son temps à lire et à noter en marge les petits détails qu'il pourra utiliser pour attaquer ses adversaires. Duceppe n'a pas mal faiit mais il n'a pas fait beaucoup de coups d'éclat non plus.
  • Jack Layton: c'est celui qui semblait s'amuser le plus. Il a souri presque tout au long du débat, il s'entendait généralement bien avec tous les autres chefs. Lui non plus ne s'est pas démarqué beaucoup et n'a pas tellement marqué de points contre Harper, ni contre les autres chefs. Ce qui m'a surpris, et qui semble détonner avec sa personnalité. c'est qu'il a eu de la difficulté à ne dire que des bonnes choes de Stéphane Dion pendant les 45 secondes où il devait le faire. Je m'attendais à ce qu'il soit le plus apte à le faire.
  • Elizabeth May: pour une première prestation, dans une langue qui n'est pas sienne, elle a relativement bien fait. Elle a une bonne maîtrise du français, ce qui m'a un peu surpris, car dans les extraits d'entrevues que j'avais vus elle semblait trouver cela un peu difficile. Elle non plus ne s'est pas beaucoup démarquée, sauf lorsqu'on lui a demandé de complimenter certaines réalisations de M. Harper. Elle a bien essayé mais elle n'a pu tenir plus de trente secondes.
Somme toute, un débat assez calme qui, selon moi, ne changera pas l'avis de beaucoup de citoyens canadiens. Le gros problème c'est qu'il n'y avait pas beaucoup de discussions qui pouvaient toucher l'électorat. Pas dans le sens "d'avoir un impact" mais dans le sens de "susciter une émotion." Pourtant, dans une scène aussi intime, c'était le moment d'utiliser des exemples, des anecdotes, des faits vécus pour aller chercher les auditeurs.

S'il fallait que je me fie uniquement à l'allure du débat pour déterminer le résultat du vote du 14 octobre, je dirais ceci: Harper défend bien son territoire et les autres chefs ne gagnent pas de terrain.
Le débat des chefs 2008 est terminé. Une formule différente où les chefs sont assis au lieu d'être debout, le tout loin d'une foule. Une formule où tout le monde était contre Stephen Harper.

Somme toute un débat relativement terne, où il n'y a pas eu beaucoup de montées de lait et où tous les candidats étaient sur leur 31.

Les éléments que j'ai retenus dans les performances:

  • Stephen Harper: a passé beaucoup de temps sur la défensive. Il a attaqué peu et s'est contenté de repousser les attaques les plus percutantes. De plus, il a passé beaucoup de temps à regarder vers le sol pendant qu'il parlait. Il a regardé les gens peu dans les yeux. C'était peut-être parce que le débat était n franais et qu'il était mal à l'aise. Mais cette attitude lui donnait l'impression de ne pas nécessairement dire la vérité. La seule fois où il a regardé dans les yeux et qu'il a soutenu ce geste était lorsqu'il complimentait Jack Layton. Et curieusement, c'est la fois où je l'ai senti le plus sincère. (Pour ceux qui n'auraient pas regardé, une des questions posées aux chefs leur demandait de complimenter la personne à leur gauche.) Tous les autres chefs ont complimenté les autres, mais c'étaient un compliment du revers de la main, les chefs trouvaient moyen de se lancer des fleurs (Duceppe) ou trouvaient moyen de ne pas trouver du bien à dire de l'autre pendant les 45 secondes (Layton, Dion et particulièrement May).

    La voix de Harper était particulièrement basse. Assez que chaque fois qu'il parlait, les autres devaient se taire afin de comprendre ce qu'il disait. Encore une fois, je ne sais pas si c'était dû à la gêne ou si c'était calculé. C'était efficace pour se faire entendre mais par contre, ça ne montre pas beaucoup de vigueur du côté d'un premier ministre.
  • Stéphane Dion: il avait la bonne habitude de répondre aux
    réponses du public en regardant la caméra dans le yeux. C'est un
    excellent moyen d'établir un lien et pour Stéphane Dion c'était essentiel. Dion a été le plus combatif des cinq, probablement parce qu'il avait quelque chose à prouver. C'est celui qui avait l'approche la plus claire: critiquer Harper et immédiatement compléter en disant "Un gouvernement libéral fera..." et il disait ce qu'il comptait faire. Il a mieux paru qu'à l'habitude mais peut-être pas assez pour attirer assez de votes pour battre Harper.
  • Gilles Duceppe: fidèle à lui-même. Il est toujours très précis dans ses attaques: "Regardez à la page 30 de votre programme et vous verrez qu c'est écrit." Duceppe donne l'impression de passer son temps à lire et à noter en marge les petits détails qu'il pourra utiliser pour attaquer ses adversaires. Duceppe n'a pas mal faiit mais il n'a pas fait beaucoup de coups d'éclat non plus.
  • Jack Layton: c'est celui qui semblait s'amuser le plus. Il a souri presque tout au long du débat, il s'entendait généralement bien avec tous les autres chefs. Lui non plus ne s'est pas démarqué beaucoup et n'a pas tellement marqué de points contre Harper, ni contre les autres chefs. Ce qui m'a surpris, et qui semble détonner avec sa personnalité. c'est qu'il a eu de la difficulté à ne dire que des bonnes choes de Stéphane Dion pendant les 45 secondes où il devait le faire. Je m'attendais à ce qu'il soit le plus apte à le faire.
  • Elizabeth May: pour une première prestation, dans une langue qui n'est pas sienne, elle a relativement bien fait. Elle a une bonne maîtrise du français, ce qui m'a un peu surpris, car dans les extraits d'entrevues que j'avais vus elle semblait trouver cela un peu difficile. Elle non plus ne s'est pas beaucoup démarqué, sauf lorsqu'on lui a demander de complimenter certaines réalisations de M. Harper. Elle a bien essayé mais ellee n'a pu tenir plus de trente secondes.
Somme toute, un débat assez calme qui, selon moi, ne changera pas l'avis de beaucoup de citoyens canadiens. Le grosproblème c'est qu'il n'y avait pas beaucoup de discussions qui pouvaient toucher l'électorat. Pas dans le sens "d'avoir un impact" mais dans le sens de "susciter une émotion." Pourtant, dans une scène aussi intime, c'était le moment d'utiliserr des exemples, des anecdotes, des faits vécus pour aller chercher les auditeurs.

S'il fallait que je me fie uniquement à l'allure du débat pour déterminer le résultat du vote du 14 octobre, je dirais ceci: Harper défend bien son territoire et les autres chefs ne gagnent pas de terrain.

2008-08-27

Comment assurer la compréhension

"Tout est vague à un degré que vous ne réalisez pas jusqu'à ce que vous ayez essayé de le rendre précis."
--Bertrand Russell


La meilleure façon de voir si vous comprenez un concept est de l'expliquer à autrui. Cette maxime a des applications pratiques quotidiennes pour aider à améliorer la communication:
  • Lorsque vous parlez à quelqu'un, répétez ce que vous avez entendu mais faites-le en utilisant vos propres mots. Vérifiez ainsi auprès de l'autre personne si votre compréhension est correcte ou non.
  • Pour vous assurer d'être comprise ou compris, demandez à l'autre de répéter leur compréhension de ce que vous avez dit. Il est important de ne pas s'attarder à l'utilisation des mots exacts mais plutôt de la compréhension du sens de vos propos.
  • Utilisez des mots précis lorsque vous communiquez avec les gens. Les mots vagues diluent la siginification de vos propos et en diminuent l'impact également. Par exemple, on peut parler d'une automobile ou d'une voiture sport ou d'une Ferrari 430 Scuderia. Plus vous précisez votre pensée, plus il est facile de vous comprendre.
  • Après une formation, enseignez ce que vous avez appris aux autres. Beaucoup de formations sont perdues ou gaspillées parce que ceux et celles qui y participent ne révisent pas leurs apprentissages. La formation est vue comme un événement unique, alors qu'elle devrait faire partie d'un processus.

2008-08-16

Le problème des Olympiques

Je viens de voir la performance exaltante d'Usain Bolt à la finale du 100 mètres aux jeux olympiques de Beijing. Sans contredit, c'est l'une des performances les plus remarquables de tous les temps dans cette épreuve. Il a établi un record du monde et a terminé loin devant son plus proche concurrent. Si ce n'était que cela !

Après avoir couru 75 % de la distance, il avait tellement d'avance sur son plus proche concurrent qu'il a commencé à célébrer et à ralentir avant la fin. Malgré tout, il a complété la course dans un temps record de 9,69 secondes. S'il n'avait pas ralenti, il aurait surement couru en deçà de 9,60 secondes!

Il n'y a pas à dire, c'est époustouflant comme performance. Malgré tout, il persiste un petit doute dans mon esprit : est-il dopé ou non ?

C'est injuste à poser comme question, mais je me rappelle le sentiment que j'ai eu lorsque Ben Johnson a gagné sa course aux compétitions de Séoul en 1988. À l'époque, je commençais la dernière année de mon baccalauréat en psychologie. Nous étions plusieurs camarades de classe à écouter cet évènement historique en direct.

Lorsque Ben Johnson a remporté sa course, nous nous sommes levés à l'unisson pour célébrer sa victoire. Quelle déception lorsque quelques jours plus tard, nous avons appris qu'il était dopé jusqu'à la moelle des os.

Pour la performance de Bolt, j'hésite un peu à célébrer parce que j'ai encore la crainte d'être déçu si dans quelques jours, on annonce lui aussi a tenté de tricher. Malheureusement, c'est là le legs que les tricheurs précédents vont laisser aux générations futures

2008-08-12

Comment réussir un dialogue en situation de crise?

Comment fait-on pour régler un problème de l'ampleur de ce qui se passe à Montréal-Nord? Ce n'est pas facile mais comme je l'ai mentionné dans la réponse au premier commentaire du message précédent, c'est possible.

Le cas de la petite Bourgogne (Little Burgundy) est un exemple. Mais cela se fait ailleurs aussi: l'Afrique du Sud, Haïti, les pays du Bloc de l'Est sont des exemples de pays où un régime a été complètement changé pour le remplacer par un autre, avec plus ou moins de succès.

Le seul moyen de régler les problèmes de Montréal-Nord c'est par le dialogue. Il n'y a pas d'autre moyen. Et Pierreson Vaval l'a bien dit: "Il faut répondre à la situation et non y réagir." Une réponse demande une part de réflexion, une part de stratégie et une part d'action. La réaction, elle, ne nécessite que de l'action.

Le dialogue pour résorber une situation de crise comme celle que l'on vit à Montréal-Nord nécessite au moins les trois éléments suivants:

  • Prêter de bonnes intentions à l'autre: c'est l'élément de base en situation de crise. Si l'on veut régler un conflit, quelqu'il soit, sans violence et sans effusion de sang, il faut prêter les meilleures intentions à l'autre. Concrètement, cela veut dire qu'il faut croire que l'autre est de bonne foi et il faut agir en conséquence. Dans la situation actuelle, "l'autre" c'est: la population, les leaders communautaires et les policiers. Pourquoi cet élément est-il capital? Parce qu'il y aura des accrocs. Malgré toute la bonne volonté des gens impliqués, il y aura des moments où les progrès semblent stagner ou encore, il y aura d'autres incidents entre les policiers et les habitants du quartier.

    Lorsque cela arrive, croire à la bonne volonté de l'autre permet de dire: "Bon, on a eu un problème, comment on le règle?" Si, au contraire, on ne croit pas que l'autre a les meilleures intentions, la réaction sera plutôt: "Bon, c'est ça, ils disent une chose mais ils font le contraire. À quoi ça sert de faire des efforts dans ce cas-là?" Et la spirale repart de plus belle.

  • Il faut poser des gestes concrets: parler, ce n'est pas suffisant. Comme on dit au Québec: "Les bottines doivent suivre les babines." Il faut énoncer ses intentions et les faire suivre par de l'action. Autrement, ce ne sont que de belles paroles et à la longue, cela mine la crédibilité de tous ceux et celles impliqués dans le processus. De plus, je rajouterai qu'il est préférable de poser beaucoup de petits gestes rapides plutôt que de faire une ou deux grandes actions très espacées dans le temps. Il faut sentir qu'il y a du progrès.
  • Pour sentir qu'il y a du progrès, il faut publiciser les gestes posés, aussi minimes soient-ils. Il n'est pas nécessaire d'en faire grand étalage mais il faut, à tout le moins, informer les personnes qui sont les plus touchées par la crise. Il ne peut pas y avoir trop de communication. De plus, lors de ces communications, il est préférable de prévoir et d'annoncer les prochains gestes à poser. Donc, non seulement on voit que les choses sont en train de changer, mais en plus, on voit que ce n'est pas tout et que d'autres actions sont à venir, ce qui alimente la roue.
Ce n'est pas une situation facile, ni simple à régler. Il y a plusieurs années de frustration accumulées de part et d'autre et cela va rendre le dialogue plus difficile. Mais il faut commencer quelque part et comme on dit en Chinois: this is as good a time as any.

2008-08-11

Ah, la jeunesse d'aujourd'hui

Arrêtez-moi si vous avez déjà entendu ceci: ah, les jeunes d'aujourd'hui! Ils sont impolis! Ils n'ont aucun respect pour l'autorité. Dire que c'est eux qui vont diriger un jour! Comment l'humanité va-t-elle s'en sortir?

Ce n'est pas d'aujourd'hui qu'on entend cela. En fait, je me souviens avoir lu une citation de Jules César où il tenait des propos similaires. Moi-même je dis ça de temps en temps. Qui m'aurait cru aussi vieux jeu!

Ce soir, mes filles m'ont entrainé à un spectacle offert par les moniteurs de leur camp de jour. Le spectacle a duré environ 90 minutes et c'était une farce du début à la fin. J'avais amené un livre à lire, me disant que je n'aurais pas la patience d'écouter le spectacles sachant que j'avais plein de lecture à faire avant demain matin.

Finalement, j'ai tellement ri que j'ai oublié d'ouvrir mon livre. Il y avait environ 25 jeunes de moins de 20 ans. Ils ont monté plusieurs sketchs et quelques uns d'entre eux ont même chanté.

Ce que j'ai retenu de ces moniteurs:
  • Ils aiment rire. Tous leurs sketchs étaient drôles.
  • Ils aiment prendre des risques, parfois trop à mon goût. J'ai réagi à certaines de leurs blagues en me disant "Mais, mes filles sont trop jeunes pour entendre ça!"
  • Ils n'ont pas peur du ridicule: ils portaient toutes sortes d'accoutrements et semblaient bien à l'aise. Peu d'adultes accepteraient de le faire de si bon coeur. Nous aurions bien trop peur de paraitre idiots!
  • Ils sont inventifs: ils ont mélangé la culture populaire aux traditions de longue date. Le tout se déroulait à grande vitesse avec peu de temps morts. Je me fais une idée toute autre de Blanche-Neige chez les sept nains.
  • Ils ont une conscience sociale: le spectacle a servi de levée de fonds pour une fondation qui aide les jeunes enfants victimes d'abus.
Est-ce que les moniteurs du camp sont très différents des autres jeunes de leur âge? J'en doute. Ils sont peut-être plus expressifs que la moyenne ou ils sont peut-être plus aventuriers.

Mais je crois que nous serons entre bonnes mains.

Les émeutes de Montréal: un problème de communication

Je suis ce qui se passe présentement suite aux émeutes de la fin de semaine à Montréal. Pour ceux et celles qui ne sont pas au courant, il y a des détails ici. En résumé, un jeune homme de 18 ans, Freddy Villanueva, a été tué par un policier samedi dernier. Dimanche soir il y avait une manifestation pour dénoncer ce fait. Tout a commencé paisiblement mais les choses ont dégénéré et il y a eu une émeute.

Suite à l'émeute, les leaders communautaires et les policiers ont lancé un appel au calme et ont cherché à ouvrir la porte à un dialogue entre la population et les forces de l'ordre.

C'est une situation triste qui, encore une fois, donne une mauvaise image de Montréal. Par contre, c'est peut-être un évènement qui permettra d'améliorer les relations tendues entre les policiers et la communauté.

En entreprise, en famille, en communauté, parfois il faut une crise pour réaliser à quel point les communications se sont détériorées. Si les choses ne se règlent pas en entreprise, cela se solde parfois par des renvois, parfois par des faillites; en famille c'est le divorce ou le reniement d'un enfant; en communauté c'est le déménagement ou la continuation des problèmes.

Dans les points de presse que j'ai pu voir, j'ai noté les éléments suivants, qui portent à croire qu'il y a de bonnes chances que tout réussisse à se régler:
  • un appel au calme et à la discussion pour régler le conflit;
  • l'invitation à poser des gestes concrets. C'est bien de vouloir améliorer la communication mais cela se démontre par des gestes concrets, pas seulement de belles paroles;
  • le maire Tremblay demande une enquête ouverte et transparente. La transparence est essentielle car si la population a le moindre doute que l'on tente de cacher quelque chose ou que l'on tente de d'éviter de punir un policier, rien ne changera. Au contraire, les relations vont se détériorer encore plus;
  • le maire a évité la polémique. En particulier lors de son point de presse, quelqu'un a tenté de lui faire dire qu'il y avait un problème particulier de violence à Montréal-Nord. Il n'a pas mordu à l'hameçon en notant que c'est le genre de problème qui aurait pu arriver n'importe où ailleurs sur l'Île;
  • on note une emphase sur la recherche de solutions, pas sur le blâme. On sent cela des deux côtés du conflit. Par contre, j'ai noté dans les propos du maire des mots beaucoup plus durs envers les émeutiers qu'envers le(s) policier(s) impliqué(s) dans le décès de du jeune Villanueva.
Afin de s'assurer que les relations s'améliorent et qu'une vraie communication s'établisse, MM. Parent et Tremblay ont beaucoup de travail devant eux. Mais pour entamer la discusssion sur un bon pied, il faudra qu'ils posent des gestes rapides, concrets et visibles. Autrement, on risque de revivre une situation similaire sous peu.

2008-08-04

Sept façons de perdre son emploi à cause du courrier électronique

U.S. News and World Report, une publication américaine, a publié un article expliquant comment la mauvaise utilisation du courrier électronique peut nuire à votre emploi. J'y figure et l'article est ici:

7 Ways Your E-mail Can Get You Fired

Coïncidence? Je travaille justement sur un document qui traite des problèmes potentiels de la communication électronique. Je vous ferai part lorsqu'il sera complété. En français, bien sûr!

2008-05-10

Remerciez votre médecin de famille

Cette semaine, j'ai (encore) été visiter mon médecin de famille. Vers la fin de notre rencontre nous avons un peu parlé de l'état de la profession. Ce n'est pas gai.

Au Québec, il y a un manque flagrant de médecins. De plus, d'après ce que mon médecin me dit, les cas qu'elle voit sont de plus en plus lourds. Cette semaine, elle a vu un couple dont les deux étaient atteints du cancer et aucun n'avait de médecin de famille. Ils ont vu un spécialiste qui leur a dit qu'ils avaient le cancer, mais leur a dit peu de choses en plus. Résultat? Ils étaient pris au dépourvu, ils ne savaient plus quoi faire et se sont tournés vers mon médecin pour les aider.

Leur cas n'est pas unique. Mon médecin de famille me dit qu'elle n'accepte plus de clientèle à moins que ce soit quelqu'un qui n'a pas de médecin de famille. Si vous en avez un déjà et que vous voulez changer "parce que je ne l'aime pas" ou "parce que c'est un peu loin pour aller le voir," il y des chances qu'elle ne vous accepte pas comme patient.

Elle m'a expliqué que beaucoup de médecins quittent la profession car ils en ont marre de se faire maltraiter par leurs patients et par le gouvernement. Le problème ne semble pas prêt d'être réglé, ce qui laisse croire qu'avec le temps les chose ne vont que dégénérer.

Quels sont les problèmes qui affligent les médecins? Les poursuites frivoles, par exemple. Je croyais que c'était un problème aux États-Unis seulement mais il semble que non. Même le mien a été frappé d'une poursuite (ou du moins, d'une inspection) parce qu'un patient était mécontent de ses commentaires. D'un autre côté, lorsque votre médecin vous dit "Mange moins, fais de l'exercice" et que vous ne le faites pas, pourquoi venir chercher de la sympathie auprès d'elle?

Lorsqu'on devient médecin, c'est pour aider les gens ou pour devenir un Shakespeare des formulaires gouvernementaux? La moindre petite chose qui est différente de la norme doit être appuyée par des formulaires plus longs les uns que les autres. Donc, au lieu de passer du temps à s'occuper des patients et de répondre à leurs besoins, elle doit le passer à remplir des formulaires qui ne sont pas standardisés et qui ne sont pas nécessairement adaptés à la situation. Résultat? Stress, mécontentement et défections.

Cette bureaucratie a un autre effet pervers: cela ne laisse pas le temps aux médecins de parler à leurs patients et de les écouter. On cherche à tout optimiser, à faire le patient passer un minimum de temps avec le médecin. Comme les médecins sont souvent payés à l'acte, leur but est de passer le plus de patients... euh... clients possible afin de générer le plus de revenus possible. On oublie que la médecine, ce n'est pas simplement mécanique. Il y a une grande portion qui est psychologique aussi. L'effet placebo est très important et il est peut être possible de le déclencher et de l'utiliser à bon escient par moments. Mais pour ça, il faut avoir le temps de bien écouter et bien comprendre le patient. Et oui, cela demande du temps... qu'on ne laisse pas à nos médecins.

Ce n'est pas tout. Nous avons limité le nombre de diplômés en médecine afin de diminuer les coûts de formation. C'est bien pour maintenant, mais que se passera-t-il à l'avenir? Nos médecins deviennent de plus en plus vieux et ont de moins en moins d'énergie à consacrer. Ce n'est pas qu'ils ne veulent pas, ils vieillissent: ça vient avec! Nous avons sacrifié le futur afin de faire de petits gains aujourd'hui. Dans les années à venir, on va perdre nos médecins les plus expérimentés. Ce sera une tragédie humaine et sociale si nous ne réussissons pas à les remplacer à temps.

Si vous allez voir un médecin dans les jours qui suivent, peu importe la raison, prenez le temps de les remercier sincèrement après votre rendez-vous. Même si vous avez dû attendre. Même si vous avez trouvé que ça n'a pas duré assez longtemps. Qui sait, peut-être serez vous la personne qui fera en sorte que ce médecin décide de rester un peu plus longtemps dans le système.

Quant à vous Dr. M (je n'ai pas demandé la permission de la nommer), j'aimerais vous remercier d'avoir pris le temps de m'examiner, d'avoir répondu à mes questions et de m'avoir fait les recommandations appropriées. J'apprécie votre écoute et le travail que vous faites pour vos patients.

2008-04-06

Un ministre doit parfois se prendre au sérieux

Dans la même émission de "Tout le monde en parle" il y avait la ministre de l'immigration du Québec, Mme Yolande James. Lorsqu'elle est arrivée sur le plateau, l'animateur Guy A. Lepage lui a demandé: "Est-ce que je vous appelle Mme la ministre, Mme James, Yolande ou Yo?" Elle a répondu "Yo".

Le but de passer à ce genre d'émission est "d'humaniser" les politiciens et de les rapprocher de l'électorat. Je crois également qu'il ne faut pas trop se prendre au sérieux, peu importe notre rôle. Par contre, il y a un certain décorum à maintenir lorsque l'on détient un poste officiel. Cette fois, Mme James a commis une erreur.

"Yo" est une exclamation qui peut être utilisée pour saluer ou pour mettre de l'emphase; elle est surtout utilisée en anglais. En français, surtout au Québec, elle a une connotation assez négative. Elle fait référence à une attitude qualifiée par des vêtements mal seyants et une éloquence moins qu'adéquate. À moins que ce ne soit son vrai nom, ce n'est pas un diminutif qui sied à un personnage du statut de Mme James.

Il ne faut pas se prendre au sérieux, mais il ne faut pas non plus se couvrir de ridicule. Même Guy A. Lepage, qui n'a pas sa langue dans sa poche, semblait pris de court. Pendant son entrevue, il l'a toujours appelée "Yolande", pas "Yo".

Technique vs humain

Ce soir à "Tout le monde en parle", Gilles Duceppe a commenté sur la tragédie des Îles de la Madeleine. Il a commenté (à peu près) ainsi le fait que le gouvernement ne veuille pas entamer un enquête publique sur le drame: "Parfois on oublie qu'il est plus important de regarder le côté humain que de trouver l'erreur technique. Les gens ont besoin de parler et d'entendre parler."

Lorsqu'on parle en public, lorsqu'on parle à quelqu'un de notre travail, on oublie souvent ce principe. On pense que les aspects techniques sont les plus importants et l'on délaisse le côté humain.

Pour pallier:
  • raconter des histoires;
  • utiliser des personnages ou des personnes qui paraissent réalistes;
  • laisser le public s'exprimer, lorsque c'est approprié (ce ne l'est pas toujours);
  • être à l'écoute du public.

2008-02-21

Le don de vie

Pour la première fois, j'ai donné du sang aujourd'hui. C'est un expérience assez intéressante. Longue, par contre. On nous fait remplir un long questionnaire pour tenter de déterminer si l'on peut donner du sang ou nom. Il y a beaucoup de questions sur le VIH, l'usage de drogue, l'homosexualité et les voyages dans les pays étrangers.

Les mêmes questions et mises en gardes sont souvent répétées:
  • Avez-vous fait usage de drogues?
  • Avez-vous eu des relations homosexuelles avec un autre homme depuis 1977?
  • Avez-vous eu des relations sexuelles avec une personne dont vous ne connaissez pas le passé sexuel?
  • Avez-vous déjà payé pour avoir des relations sexuelles?
Les questions se retrouvent sur papier et un des employés d'Héma-Québec nous les repose à voix haute également.

Lors de la dernière étape avant le don de sang, on m'a demandé de confirmer, de façon confidentielle, que je voulais bien donner mon sang et qu'il n'était pas contaminé. Deux questions m'ont surpris:
  • Seriez-vous prêt à donner votre sang à un être cher?
  • Vous sentez-vous contraint à donner du sang?
Contraint? Comment fait-on pour se sentir obligé de donner du sang?

J'y retournerai.

2008-02-13

Toute vérité est-elle bonne à dire?

Connaissez-vous le jeu "Le moment de vérité"? C'est un jeu de la chaîne de télévision Radio-Canada, qui est fort simple: on lance un défi à un concurrent. Cette personne a une semaine pour se pratiquer et elle doit réaliser son défi en studio, devant caméras et public. Un petit jeu bien gentil et bien sympa.

Connaissez-vous le jeu "Moment of Truth"? Même titre, pas aussi gentil comme jeu. Les concurrents jouent pour une chance de remporter $500,000. Le principe? Vous passez un test de polygraphe avant l'émission. Pendant l'émission, vous devez répondre à 21 questions. Si vous dites la vérité, vous vous rapprochez du but final. Si vous mentez, vous perdez tout. Oh! Est-ce que j'ai mentionné que votre époux/épouse, vos parents, vos amis sont assis devant vous à vous regarder et à écouter ce que vous dites?

Je suis tombé sur cette émission par hasard, ce soir. Je regarde très rarement la télévision le soir, car je suis soit absent, soit occupé à faire autre chose. (Mon fils m'a même regardé avec des gros yeux: "Tu regardes la télé la semaine? Tu ne fais jamais ca!") Il faut croire qu'il y avait une bonne raison pour moi de le faire. Je n'ai pas trouvé encore, mais enfin...

Parmi les questions que j'ai entendues ce soir:
  • Avez-vous déjà regardé de la pornographie sans que votre femme ne le sache?
  • Est-ce que vous tromperiez votre femme si vous saviez que vous ne vous feriez pas prendre?
  • En avez-vous voulu à votre mère parce qu'elle s'est habillée en noir le jour de votre mariage?
Ils ont montré quelques questions qui seront posées dans les émissions à venir:
  • Avez-vous déjà été payée pour des relations sexuelles?
  • Est-ce que les grosses femmes vous dégoûtent?
  • Comme caissière de banque, avez-vous déjà été tentée de voler de l'argent dans la caisse?
  • Êtes-vous devenu policier seulement pour plaire à votre père?
J'ai toujours cru que j'étais une personne honnête, qui disait toujours la vérité mais je ne sais pas si je serais capable d'atteindre le cap des $500,000 dans ce jeu. Pas tant parce que je mentirais (en tout cas, j'aime bien le croire) mais parce que je ne vois pas la nécessité de discuter de toutes ces questions personnelles devant un public de plusieurs centaines de milliers de personnes.

Si jamais vous décidez de participer à cette émission (ou son équivalent sur TVA ou TQS) faites-moi savoir. Je vous encouragerai de mon sofa.

Pour vous pratiquer, je vous suggère de jouer à Polémique ou un autre jeu similaire auparavant. Ça risque de faire moins de casse!

2008-02-11

Il n'y a pas que moi dans le monde

Un récent évènement m'a rappelé une situation qui est survenue tôt dans ma carrière professionnelle. Je travaillais à l'époque pour une petite compagnie et l'on m'avait offert la possibilité d'aller travailler pour une plus grande compagnie. Le salaire était plus élevé, les conditions de travail étaient meilleures, et il était plus facile pour moi de me rendre au bureau. J'ai sauté sur l'occasion.

Mon patron de l'époque sentait bien que quelque chose se tramait et m'avait fait promettre de lui dire si j'avais l'intention de trouver un nouvel emploi. Malheureusement pour lui, j'avais déjà eu vent de sa manière de traiter les employés qui décidaient de quitter la compagnie. Je lui ai dit que je l'avertirais si je cherchais un nouvel emploi, mais en mon for intérieur je n'avais aucune intention de le faire.

Je ne lui ai fait connaitre mes intentions que lorsque que j'avais eu une offre officielle pour le nouvel emploi. Lorsque je le lui ai appris, il ne m'a presque pas adressé la parole jusqu'au jour de mon départ.

Ce que j'en ai déduit par la suite était qu'il prenait toute démission comme une insulte personnelle. Au lieu de voir que la personne qui quittait avait grandi et voulait accéder à de nouveaux horizons, il y voyait un acte de traîtrise.

Un autre exemple.

Récemment, un conférencier professionnel avait envoyé un message sur sa liste pour se plaindre de de la façon dont il était traité par une association professionnelle. Il se considérait comme étant LA personne référence par excellence dans son domaine d'expertise. Par contre, lorsque l'association professionnelle cherchait un expert dans son domaine, personne ne l'a approché.

Dans son message où il se plaignait de ses mauvais traitements, il nous posait la question suivante : que pensez-vous de cette situation ? Envoyez-moi vos commentaires. J'ai profité de cette occasion pour lui rappeler à quel point il dénigrait constamment l'association professionnelle et que maintenant, il voulait être approché par cette même association pour offrir ses services. Je lui ai fait savoir que si j'étais à la tête de l'association, jamais je ne l'engagerais parce que je n'avais aucune certitude qu'il ne se retournerait pas contre l'association pendant sa présentation.

Je n'ai jamais eu de réponse.

On vit ce genre de situation quotidiennement. Une personne prend un commentaire anodin comme une insulte personnelle et réagit de façon tout à fait disproportionnée à la situation. Je ne m'en cache pas, je l'ai fait également!

Avec l'âge, avec le temps, je réalise qu'en fin de compte il y a bien peu de choses négatives qui sont dirigées vers moi personnellement. En général, si ça tombe sur moi, c'est une manifestation de l'état d'esprit de la personne avec qui j'interagis.

En lâchant prise et en cessant de croire que tout le monde était contre moi, comme par magie, ce genre de situation a diminué. En tant que conférencier, cette attitude est primordiale. De temps en temps, nous devons essuyer un « non » de la part de clients potentiels; nous faisons un discours que nous pensons excellent mais personne ne réagit; après un discours des auditeurs bien intentionnés mais souvent mal informés nous accostent pour nous faire savoir à quel point tel ou tel élément du discours n'a pas été bien fait.

Il fut un temps où ce genre de commentaire m'auraient ennuyé et je les aurais ruminés pendant longtemps. Maintenant, à moins de vivre une situation personnelle particulièrement difficile, c'est devenu beaucoup plus facile pour moi de sourire et de laisser l'énergie négative à la personne qui en fait usage.

La vie devient trop pénible, autrement!

2008-01-28

On peut toujours se remettre de nos erreurs

Finalement, j'ai joint mon client potentiel et il n'a même pas mentionné l'appel raté. Probablement qu'il en a ri en voyant que je m'étais trompé et que j'ai tenté de me corriger.

La leçon: si on ne s'en fait pas trop, les autres ne s'en feront pas non plus.

2008-01-17

Toutes les boîtes vocales devraient se ressembler!

Aujourd'hui j'ai passé une partie de ma journée à faire des appels téléphoniques. Lorsque je téléphone, je prends un peu de temps auparavant pour répéter ce que je vais dire, avant de composer le numéro. Il y a deux raisons pour cela: premièrement, je veux être prêt à répondre aux questions de mon interlocuteur. Deuxièmement, je veux savoir quoi dire si jamais je tombe sur une boîte vocale.

Lors d'un de ces appels, je me suis buté à la boîte vocale et j'ai commencé à laisser mon message... et en plein milieu, je me suis trompé. Comme je suis un peu perfectionniste, surtout au début d'une communication, j'ai décidé d'effacer mon message et d'en laisser un second.

Normalement, si l'on appuie sur 0, le système de téléphone donne quelques options, dont une pour effacer et enregistrer à nouveau. Cette fois-ci... rien! J'ai essayé quelques autres boutons, pour finalement réaliser que tout ce que je faisais était enregistré par la machine.

J'ai raccroché et j'ai rappelé. La seconde fois, j'ai laissé un message ou je riais de ma bévue. Je dois rappeler la personne la semaine prochaine. On verra si je m'en suis bien tiré!