2008-08-12

Comment réussir un dialogue en situation de crise?

Comment fait-on pour régler un problème de l'ampleur de ce qui se passe à Montréal-Nord? Ce n'est pas facile mais comme je l'ai mentionné dans la réponse au premier commentaire du message précédent, c'est possible.

Le cas de la petite Bourgogne (Little Burgundy) est un exemple. Mais cela se fait ailleurs aussi: l'Afrique du Sud, Haïti, les pays du Bloc de l'Est sont des exemples de pays où un régime a été complètement changé pour le remplacer par un autre, avec plus ou moins de succès.

Le seul moyen de régler les problèmes de Montréal-Nord c'est par le dialogue. Il n'y a pas d'autre moyen. Et Pierreson Vaval l'a bien dit: "Il faut répondre à la situation et non y réagir." Une réponse demande une part de réflexion, une part de stratégie et une part d'action. La réaction, elle, ne nécessite que de l'action.

Le dialogue pour résorber une situation de crise comme celle que l'on vit à Montréal-Nord nécessite au moins les trois éléments suivants:

  • Prêter de bonnes intentions à l'autre: c'est l'élément de base en situation de crise. Si l'on veut régler un conflit, quelqu'il soit, sans violence et sans effusion de sang, il faut prêter les meilleures intentions à l'autre. Concrètement, cela veut dire qu'il faut croire que l'autre est de bonne foi et il faut agir en conséquence. Dans la situation actuelle, "l'autre" c'est: la population, les leaders communautaires et les policiers. Pourquoi cet élément est-il capital? Parce qu'il y aura des accrocs. Malgré toute la bonne volonté des gens impliqués, il y aura des moments où les progrès semblent stagner ou encore, il y aura d'autres incidents entre les policiers et les habitants du quartier.

    Lorsque cela arrive, croire à la bonne volonté de l'autre permet de dire: "Bon, on a eu un problème, comment on le règle?" Si, au contraire, on ne croit pas que l'autre a les meilleures intentions, la réaction sera plutôt: "Bon, c'est ça, ils disent une chose mais ils font le contraire. À quoi ça sert de faire des efforts dans ce cas-là?" Et la spirale repart de plus belle.

  • Il faut poser des gestes concrets: parler, ce n'est pas suffisant. Comme on dit au Québec: "Les bottines doivent suivre les babines." Il faut énoncer ses intentions et les faire suivre par de l'action. Autrement, ce ne sont que de belles paroles et à la longue, cela mine la crédibilité de tous ceux et celles impliqués dans le processus. De plus, je rajouterai qu'il est préférable de poser beaucoup de petits gestes rapides plutôt que de faire une ou deux grandes actions très espacées dans le temps. Il faut sentir qu'il y a du progrès.
  • Pour sentir qu'il y a du progrès, il faut publiciser les gestes posés, aussi minimes soient-ils. Il n'est pas nécessaire d'en faire grand étalage mais il faut, à tout le moins, informer les personnes qui sont les plus touchées par la crise. Il ne peut pas y avoir trop de communication. De plus, lors de ces communications, il est préférable de prévoir et d'annoncer les prochains gestes à poser. Donc, non seulement on voit que les choses sont en train de changer, mais en plus, on voit que ce n'est pas tout et que d'autres actions sont à venir, ce qui alimente la roue.
Ce n'est pas une situation facile, ni simple à régler. Il y a plusieurs années de frustration accumulées de part et d'autre et cela va rendre le dialogue plus difficile. Mais il faut commencer quelque part et comme on dit en Chinois: this is as good a time as any.

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