2009-11-26

La formation n'est pas la solution

Je suis parfois approché par des clients potentiels qui cherchent à changer ou à améliorer une situation difficile. Plus souvent qu'autrement, ils veulent envoyer leurs employés à travers des sessions de formation, afin de les « réparer » ou de les « corriger ». Ils espèrent que, ce faisant, les employés « comprendront », s'amélioreront et changeront pour le mieux.

La bonne nouvelle est que ces dirigeants sont sur la bonne voie.

La mauvaise nouvelle, c'est qu'ils utilisent une approche erronée.

Vous pourriez vous demander : « La formation n'est pas la bonne chose à faire ? » Non parce que la plupart des formations ont un effet de courte durée et sont donc inefficaces.

Il y a quatre raisons pour cela :
  • Aucun objectif primordial : les employés sont envoyés en formation, mais ils ne savent pas pourquoi, mis à part qu'il y a un budget pour la formation et qu'il doit être dépensé. On leur dit de suivre un cours, mais il n'y a pas une utilité intrinsèque au cours dans leurs activités quotidiennes.

    Par exemple, quand je livrais des formations sur Microsoft Excel®, j'ai souvent parlé à des gens qui suivaient le cours « car nous utilisons Excel au bureau. » Mais quand je leur demandais ce qu'ils accomplissaient avec cet outil, la réponse était : « Oh, moi je ne l'utilise pas mais d'autres personnes au bureau en font usage. Ils veulent juste que je sois conscient de ce que l'outil peut faire. »

    C'est un gaspillage flagrant d'argent sur deux fronts : l'employeur gaspille son argent en envoyant l'employé à un cours qui lui est inutile pour son emploi. Il est faux de croire que parce que d'autres personnes utilisent un outil, il faut que tout le monde apprenne à l'utiliser. Il suffit aux gens qui ne connaissent pas l'outil d'être en mesure d'exprimer et d'expliquer leurs besoins. Puis, laissez les experts appliquer leurs connaissances pour atteindre l'objectif.

    L'autre gaspillage d'argent est que les employés ne consacrent pas leur temps à faire ce qu'ils devraient faire, mais au contraire, passent un, deux jours ou plus dans un cours qui ne leur sera pas très utile à la longue. Leur productivité est considérablement réduite, en échange d'une légère amélioration après le cours... et encore ! Très probablement, l'employeur ne récupérera jamais son investissement.

  • Pas le bon moment : la formation n'est efficace que si elle est mise en pratique immédiatement. C'est un gaspillage de temps et d'argent si quelqu'un suit un cours parce que « un jour, elle pourrait en avoir besoin. » Pourquoi ? Les études ont montré qu'après quelques jours les gens oublient une grande partie de ce qu'ils apprennent lors d'une session de formation. Il y a même une blague sur le sujet, qui va un peu comme suit : 24 heures après ce cours, vous aurez oublié la moitié de ce que vous avez appris. 48 heures plus tard, vous aurez oublié 50% de ce qui reste. La semaine prochaine à pareille heure, vous aurez oublié que vous aviez assisté à ce cours !

    Il n'est pas toujours facile de faire coïncider la formation avec l'application, mais pour que la formation soit efficace, elle doit être mise à l'épreuve dès que possible après le fait. Plus les participants utilisent leurs nouvelles compétences rapidement, plus ils sont susceptibles d'en faire une habitude quotidienne et de bénéficier de la formation.

  • Pas de suivi : c'est une erreur courante. Les employés sont envoyés à un cours, tout fonctionne bien, ils mettent en application leur formation immédiatement, mais peu après ils reprennent leurs vieilles habitudes. Oui, les vieilles habitudes ont la vie dure et ce n'est pas seulement un cliché!

    Ma femme est membre d'un groupe de travail qui aide les gens à cesser de fumer. Les gens qui assistent à ses ateliers veulent vraiment cesser de fumer. Afin d'atteindre le plus haut taux de succès possible, les participants suivent un programme de formation avant de tenter de cesser de fumer. Puis, ils ont tous une date et une heure précise pour arrêter de fumer : le dimanche soir à minuit. Le lundi matin suivant, ils reçoivent immédiatement l'aide et un suivi pour les aider à passer les premiers jours difficiles. Ce suivi est maintenu pendant quelques semaines, avant qu'ils ne soient laissés à eux-mêmes. Cette approche est la clé de son succès. On pourrait croire que c'est en raison du caractère toxicomanogène du tabac, mais c'est beaucoup plus que cela.

    Les habitudes sont comme une forme de dépendance. Les gens sont habitués à faire les mêmes choses, de la même manière, jour après jour. Briser cette habitude est comme briser une dépendance, aussi légère soit elle. À moins qu'il n'existe de suivi approprié, les employeurs courent le risque de perdre leurs investissements dans la formation parce que les employés recourent à leur comportement antérieur.

  • Les mauvaises personnes sont en formation : il arrive que les employés sont envoyés à des sessions de formation alors que ce serait plutôt aux dirigeants d'y assister. J'ai vu des employés suivre des classes de gestion de la colère alors que leurs employeurs auraient dû participer à un séminaire d'amélioration du milieu de travail, ou une session de formation en leadership affirmatif. Changer la culture d'une entreprise est beaucoup plus difficile que de simplement améliorer les compétences techniques d'un employé. Mais pour gérer ce changement, les employeurs doivent être prêts à commencer au sommet et ensuite seulement, se déplacer dans l'arborescence de l'organisation.
Un de mes mantras est le suivant : la formation n'est pas un événement, c'est un processus. Le processus peut être plus ou moins long, en fonction des objectifs à atteindre. Plus la modification requise est profonde, plus l'approche le sera aussi. Sinon, aussi bien jeter votre argent par les fenêtres de la formation.

© 2009 Laurent Duperval, tous droits réservés



2009-11-07

H1N1? Oui pis?

OK, j'avais dit que je ne me plaindrais pas de la grippe H1N1, mais là...

Depuis le début de la semaine, à l'endroit où je travaille, j'ai l'impression que de plus en plus de personnes en sont atteintes. C'est un concert grandissant de quinte de toux de plus en plus caverneuses. Il y en a qui toussent aux deux à trois minutes. C'en est énervant! Non seulement parce que ça déconcentre, mais aussi parce qu'il est difficile de savoir pourquoi les gens toussent autant.

Certaines compagnies ont pris des mesures drastiques: si les gens exhibent des symptômes grippaux, ils sont obligés de rester chez eux... avec salaire payé. C'est une initiative coûteuse, mais saine, à mon avis.

On ne cesse de nous rabattre les oreilles avec le fait que la grippe H1N1 est très contagieuse, même si elle n'est peut être pas aussi virulente que ce que l'on croyait à l'origine.

Je crois que dans beaucoup de cas, les employés se présentent au bureau qu'ils soient malades ou non, parce qu'en restant à la maison, ils ne seront peut-être pas payés. En fin de compte, cela créera deux perdants: la compagnie et l'employé. L'employé car il doit se déplacer et travailler alors qu'il ne se sent pas bien. La compagnie parce que cet employé sera moins productif et aussi car il risque de contaminer d'autres employés. Résultat: encore moins de productivité et un risque accru d'absentéisme.

À l'origine, je ne comptais pas me faire vacciner mais en fin de compte, je le ferai plus par devoir civique que par conviction personnelle. Au moins j'aurai fait ma part.

2009-11-05

Les hôpitaux du Québec... encore

Au moins, je ne me plaindrai pas de la grippe A(H1N1)!

Ce matin je devais avoir une rencontre avec deux spécialistes, afin de trouver une solution à un problème que je traîne depuis quelques années. J'avais un rendez-vous à 10h15 et l'autre à 11h30. Quand je suis finalement passé à 12h15, je n'ai vu qu'un médecin, Dr. F.

Pourquoi, parce que l'autre médecin (Dr. C) était aux prises avec une opération "héroïque" (aux dires de Dr. F) qui semblait mal tourner. Il accuserait donc un retard considérable, car l'opération s'effectuait dans un autre hôpital.

Je comprends que ces choses arrivent, mais ce qui m'a le plus embêté c'est que personne n'a daigné nous avertir de la situation. J'ai su ce qui se passait parce que je n'avais pas entendu la voix de Dr. C à l'intercom. Ce dernier est utilisé par les médecins pour appeler leurs patients.

En entrant dans le bureau de Dr. F, je lui ai fait part de mon observation. Après m'avoir examiné, il est parti voir l'assistante de Dr. C qui lui a alors confirmé qu'elle ne savait pas quand il reviendrait. Après en avoir discuté avec Dr. F, nous avons donc décidé de prendre un autre rendez-vous avec Dr. F pour effectuer le suivi adéquat.

Finalement, c'est moi qui ai expliqué ce qui se passait avec Dr. C aux patients qui attendaient. Il me semble que la moindre des choses aurait été de leur faire savoir au lieu de les laisser poireauter dans une salle d'attente, dans l'ignorance la plus totale.

Je suis sûr que si j'avais eu un chien ou un chat malade, on aurait pris le soin de me dire ce qui se passait.