2010-10-22

Un moment magique

Il y a de ces moments imprévus dans une vie qui sont particulièrement marquants et j'en ai vécu un hier.

 

Jeudi soir, j'ai assisté à une rencontre avec Bruno Pelletier. Je connais un peu son travail d'artiste, j'ai entendu quelques-unes de ses chansons à la radio et j'ai beaucoup aimé Notre-Dame-de-Paris. Mais je ne peux pas dire que je suis un fan, ni que je le connais bien. Normalement, je ne serais pas allé, mais l'invitation que j'ai reçue était doublement alléchante : c'était un atelier sur le chant et c'était gratuit.

 

Je m'y suis présenté avec ma femme, curieux de savoir ce que « la voix du Québec » allait nous enseigner, que je pourrais appliquer avec l'ensemble vocal dont je fais partie. Et aussi, pour que ce soit plus plaisant que les gens m'écoutent autour d'un feu de camp...

 

Finalement, ce n'est pas exactement ça qui s'est passé. Bruno a commencé en chantant quelques-unes de ses chansons, puis il s'est assis et il s'est mis à discuter avec nous. Il y avait un animateur avec lui sur scène qui posait des questions et il acceptait les questions du public également.

 

Je me suis assis aussi confortablement que j'ai pu et j'écoutais. Les questions tournaient beaucoup autour de sa vie de chanteur, comment il avait vécu les hauts et les bas, son impression du métier de chanteur, un peu sur le processus créatif, etc. Finalement, c'était une conversation avec le chanteur plutôt qu'un atelier de travail.

 

Ce n'était pas ce à quoi je m'attendais, mais le bonhomme était fort intéressant et nous a captivés pendant près de trois heures.

 

À un moment, je me suis levé pour lui poser une question, contenant un ou deux sous-points. Puis, j'avais une seconde question. J'ai posé la première et sans que je le relance, il a répondu aux deux sous-questions et a partiellement répondu à la seconde. Il m'a tout de même laissé poser ma seconde question (ouf!) et après avoir (très bien) répondu, il m'a posé une question à laquelle je ne m'attendais pas du tout : « Veux-tu venir chanter avec moi? »

 

Voyons le contexte dans son ensemble. Avant d'arriver à la salle de spectacle, je m'étais promis que s'il demandait un volontaire pour démontrer un exercice, que je serais le premier à lever la main. Alors, sans avoir réfléchi à ce que je faisais j'ai dit « OK! »

 

Et je me suis retrouvé sur scène avec lui. Ça s'est passé tellement vite que je n'ai pas eu le temps d'être nerveux avant qu'il ne pose la deuxième question : « Qu'est-ce qu'on chante? » Et là, c'est le blanc complet. Je n'ai absolument aucune idée quoi chanter. Je fouille dans ma mémoire et la seule chanson qui me vient en tête c'est « The Lion Sleeps. » Non, pas fort, pas fort.

 

Heureusement, il est venu à ma rescousse : « Connais-tu mon répertoire un peu? » Parlez-moi d'une bouée de plomb! C'est rare que je sois embarrassé, mais là... J'ai au moins eu la présence d'esprit de mentionner Notre-Dame-de-Paris et il m'a proposé « Le Temps des Cathédrales. »

 

Il est baryton, je suis basse. Il peut chanter comme un ténor. Je chante presque comme une basse. Alors j'ai dit « OK! » Il a entamé le chant et j'ai suivi, tant bien que mal, quand je connaissais les paroles. Je crois qu'un moment donné il m'a laissé chanter seul.

 

Ce n'était vraiment pas du grand chant, loin de là, mais c'était toute une expérience.

 

Ce que je retiens de ma rencontre avec Bruno Pelletier :

  • Il est d'une très grande générosité d'avoir partagé la scène comme il l'a fait, sans savoir si j'allais tout bousiller ou non.
  • C'est un homme sincère. On n'avait pas l'impression de voir un chanteur avec une carrière internationale, mais plutôt le chum, le père de famille, le mari.
  • Il a du talent à en revendre. Il joue de la guitare sans regarder ce que font ses mains (ce qui n'est pas aussi simple que ça en a l'air), il chante merveilleusement et il adore ce qu'il fait.

Au début de la soirée, à la blague, l'animateur a lancé « Messieurs, préparez-vous à le détester. » Au cours de la période de questions, un des membres du public a dit : « On ne te déteste pas, on est jaloux. » Vers la fin, Bruno nous a confié que ce qui lui faisait particulièrement plaisir c'était les hommes qui venaient le voir et lui confiaient : « Je n'avais pas envie de venir, mais finalement j'ai bien aimé ça. »

 

Bruno, j'avais envie de venir et j'ai beaucoup aimé!

2010-10-20

Les « petits » mots

Écoutez assez de conférenciers professionnels et éventuellement on vous fera part de cette réalité incontournable : 55% de notre message passe par notre langage corporel, 38% par notre ton de vois et seulement 7% provient des mots que nous utilisons.

Je me demande si Pauline Marois serait d'accord. Au cours de la session parlementaire du 18 octobre, elle a parlé d'un « petit peuple » en parlant des Québécois. Paroles étonnantes provenant d'un parti qui prône l'indépendance du Québec par rapport au Canada. D'aucuns diront même que c'est méprisant de sa part. Les humoristes et les caricaturistes vont s'en donner à coeur joie sur cette bourde.

 

Bien sûr, Mme Marois ne voulait pas dire petite en envergure, mais bien petit en taille. À 33 millions de Canadiens et près de 300 millions d'Américains, sans compter une centaine de millions de Mexicains, plus les pays des Antilles, les 8 millions de Québécois ne pèsent pas lourd dans la balance.

 

Il est vrai qu'une grande partie de ce que l'on communique à autrui passe par notre corps et notre ton de voix. Par contre, cela ne donne pas la permission (comme on le laisse sous-entendre) de dire n'importe quoi. Oui, j'ai souvent entendu le conseil suivant : « Ce que tu dis n'est pas important, c'est la façon dont tu le dis qui importe. » J'y ai cru et pendant un bout de temps, je ne faisais pas trop attention à ce que je disais, mais je m'efforçais de faire attention à la manière de le dire. J'ai appris.

 

Quand on y pense, les bons avocats sont passés maîtres dans cet art. Sachant qu'il y a une version écrite du déroulement des procédures, et sachant que cette version ne comprend que des mots et enlève tout langage corporel ou ton de voix, ils peuvent dire une chose avec leur bouche, mais jouent sur leur posture ou leur ton de voix pour donner une connotation autre à leurs propos. Sauf que lorsque l'on relit ce qui a été dit, seuls les mots demeurent. Cela peut s'avérer damnant pour celui qui répond aux questions.

 

Les mots sont importants. Quelques mots bien placés peuvent faire la différence dans la vie de quelqu'un qui fait face à l'abîme. Quelques mots mal choisis peuvent anéantir une carrière ou un espoir.

 

Quelques « petits » mots peuvent longuement hanter une vie.

2010-10-04

Le problème du courriel

Voici un exemple réaliste d'une discussion par courriel. Pourquoi je dis que c'est réaliste? Parce que ça m'est arrivé aujourd'hui.

De: Adresse Commune
A: Moi
Cc
: André, Bernard
Sujet:  Tout est prêt

Salut Laurent,

Tout est prêt, tu peux tester ça devrait marcher.

Charles

 

De: Moi
A: Adresse Commune
Cc: André,  Bernard
Sujet:  Re: Tout est prêt

Salut Charles,

J'ai testé et ça plante avec le message "Erreur 102." Qu'est-ce qui cause le problème?

De: André
A: Daniel
Cc:  Bernard, Moi
Sujet: Re: Tout est prêt

???????

 

De: Moi
A: André
Cc: Bernard, Vraie adresse de Charles (après avoir fouillé dans mes anciens courriels)
Sujet: Re: Tout est prêt

Euh... Désolé, je croyais que le message se rendrait à Charles.

 

De: Daniel
A: Moi
Cc: André, Bernard, Charles
Sujet: Re: Tout est prêt

Vous en faites pas, c'est comme ça qu'André me demande quel est le problème. Je regarde ça et je vous reviens.

Daniel

 

Ce court échange, qui a duré moins de 15 minutes, illustre plusieurs problèmes du courriel:

1. Quand on utilise une adresse commune pour faire des échanges de courriels, on ne sait jamais si le message se rend à la personne voulue ou non. Les adresses communes c'est bon pour les échanges en groupe mais pour joindre une personne spécifique, on repasse...

2. Il manque beaucoup d'information dans un message courriel: le ton de voix et la gestuelle. Si en plus, on élimine les mots pour les remplacer par des abbréviations, des acronymes et des symboles...

3. Vérifiez que vous devriez vraiment répondre à votre message. Dans ce cas, il n'est rien arrivé mais si j'avais été copié de manière anonyme (Bcc) probablement que les personnes à l'autre bout n'auraient pas apprécié.

4. Lorsque vous répondez, assurez-vous que les personnes qui reçoivent le messages sont des récipiendaires pertinents. Le message qui disait "?????" n'avait rien à voir avec moi et je n'aurais pas dû le recevoir. Je ne sais pas non plus ce que Bernard faisait dans la liste de récipiendaires.

5. "Répondre à tous" comporte parfois son lot de surprises...

Conclusion: le courriel est rapide et efficace mais si vous devez avoir une discussion importante ou une discussion nuancée, c'est un des pires véhicules à utiliser.

2010-08-30

Nouveau-Brunswick VI


Lundi 2010-08-23

Finalement, après une mauvaise nuit pour bibi et des enfants acariâtres, nous avons décidé de laisser tomber le tourisme ce matin. Nous avons fait les bagages et sommes partis. Tant pis pour les poissons et les maisons non visitées.

De Caraquet, nous avons pris la route de Cambellton, à la frontière du Québec et du Nouveau-Brunswick. Pas de visite, juste le temps pour tout le monde de s'empiffrer de frites et dans mon cas, d'une guédille au homard, soit du homard haché mélangé à de la mayonnaise et quelques petits légumes, puis servi sur un pain à hot dog. Pas pire.

Ensuite, c'est la traversée de la vallée de la Matapédia où les policiers de la SQ sont en feu. Alors que durant une semaine au Nouveau-Brunswick je n'ai aperçu qu'un seul patrouilleur de la GRC, ce n'était pas du tout la même chose au Québec. En traversant la frontière québécoise à Pointe-à-la-Croix, tout de suite après l'accueil de la SAQ, nous avons vu deux autos arrêtées sur le côté en attente de recevoir leur contravention. Et ce, sur une distance de moins de 500 mètres.

Nous avions trouvé qu'il y avait beaucoup de construction sur le réseau routier néo-brunswickois, mais ça circulait relativement bien. Mais sur la 132, ouf! On arrête à tout bout de champ, parfois complètement. Peu de temps après Pointe-à-la-Croix, j'ai compris une partie des ralentissements et, surtout, le zèle de la SQ : on y bâtit un nouveau quartier général. Je suppose qu'il faut financer tout ça!

Lors de notre arrêt de restauration, j'ai été frappé par l'approche au service de la province dans les casse-croûte. On prend votre commande, on vous demande de vous asseoir ou d'attendre puis on appelle votre numéro lorsque c'est prêt. J'avais déjà vu ça dans un des gags de la bande dessinée « For Better or For Worse » de Lynn Johnston, mais je n'avais pas réalisé que c'était si commun comme approche.

Les gens sont très gentils, ici. Lorsque nous sommes arrivés au casse-croûte, nous voulions une table pour cinq, mais elles étaient toutes prises. Devant notre air perplexe, deux familles se sont levées et déplacées (dont une famille de quatre personnes) pour nous permettre de manger ensemble.

Je crois que le pronom « vous » n'existe pas lorsque les gens parlent à une seule personne. C'est toujours « tu ».

Finalement, une autre note sur la politesse des gens du Nouveau-Brunswick et l'effet stressant que cela a sur un conducteur montréalais. Je voulais déposer des cartes postales au bureau de poste qui était situé de l'autre côté d'une rue très passante. Alors, je me suis installé sur le trottoir, entre deux intersections (vu qu'à Montréal on ne connaît pas ça les traversées aux intersections) et j'attendais. Moins de cinq secondes plus tard, une auto s'est arrêtée pour me laisser passer. En bon français, j'étais flabbergasté. Par la suite, j'étais constamment stressé derrière le volant, car je devais m'assurer de faire de même si l'occasion se présentait. Ça stresse, d'être poli!

Durant ce voyage, nous avons réalisé que nos enfants en savaient bien peu sur la géographie du Canada. On leur a demandé de nous nommer les provinces canadiennes et ils en connaissaient à peine trois. Ils nous ont dit qu'à leur école on ne le leur avait jamais enseigné cette matière. Triste état de notre système éducatif.

Nous avons dormi à St-Jean-Port-Joli, puis nous avons fait un arrêt à Québec avant le retour au bercail. Les enfants ont beaucoup aimé les spectacles de rue et la traversée du fleuve en traversier. Somme toute, d'excellentes vacances. 

L'an prochain, peut-être le Charlevoix, la Côte-Nord ou la Gaspésie. Ou peut-être même le Lac St-Jean. Ou Calgary. 

On verra.











2010-08-29

Nouveau-Brunswick V



Dimanche 2010-08-22

Nous avons quitté Bouctouche aujourd'hui. Si jamais vous comptez séjourner dans la maison, contactez M. et Mme Bernard des chalets Vivelo. Vous serez très bien reçus.

Après un voyage de quelques heures, nous nous sommes rendus à Caraquet, la capitale culturelle de l'Acadie en 2009. Je croyais qu'il y avait beaucoup de drapeaux à Bouctouche, mais je n'avais rien vu! Ici on ne voit que ça. Sous toutes formes : drapeaux, fanions, cerfs-volants, peintures; j'ai même vu une jeune fille qui avait fait peinturer le drapeau sur ses ongles. C'est ce qu'on appelle être Acadien jusqu'au bout des doigts!

À notre arrivée, nous nous sommes rendus au Village historique acadien. Notre première tâche fut de trouver à manger, ce que nous avons fait au restaurant des Ancêtres sur le site. Une bonne soupe bien consistante et un rôti de boeuf bien mijoté ont retapé toute la famille.

Une serveuse a demandé à un couple arrivé un peu après nous s'il voulait de la bière. Le mari voulait bien, mais n'a pu avoir de produit Molson ou Labatt, car seuls les produits Moose Head existaient à l'époque. Alors le mari s'est ravisé et a commandé... un Pepsi! Non, a dit la serveuse, ça n'existait pas dans le temps alors on n'en a pas. Il a demandé une autre sorte de boisson gazeuse, mais elle n'existait pas non plus. Il s'est contenté d'une Moose Head blonde, je crois.

Curieusement, on a servi du café à la fin du repas. Je pensais que c'était un produit rare à l'époque, mais bon, qu'est-ce que j'en sais vraiment?

C'était la journée des métiers et nous en avons appris sur plusieurs métiers d'antan : le cordonnier, le ferronnier, le forgeron, la maîtresse d'école, le typographe, le garagiste. Malheureusement, nous n'avons pas pu tout visiter, car nous sommes arrivés un peu tard. Comme nous avons le droit de visiter une seconde fois, peut-être que nous irons faire un tour avant de quitter pour le Québec. On verra.

Les animations étaient intéressantes, mais inégales. Certains animateurs s'en tenaient au minimum alors que d'autres en rajoutaient, répondaient et invitaient les questions. J'ai particulièrement aimé le typographe (16 heures pour faire la préparation d'une page, trois cents exemplaires imprimés par heure, une édition par semaine, celle du vendredi), la maîtresse d'école (on sépare les filles d'un côté et les garçons de l'autre, même sur la cour d'école; sur 25 à 30 élèves, une seule passait la huitième année, en général une fille; les Anglais ont tout fait pour tenter d'abolir la religion et le français dans les écoles du Nouveau-Brunswick, ce qui a mené à des révoltes à Caraquet vers la fin du 19e siècle) et le ferronnier qui nous a montré comment il fabriquait certains produits comme des passoires, des casseroles, des tasses et des sifflets.

D'ailleurs, c'est dans la maison du ferronnier que nous avons assisté à une petite controverse. Un des visiteurs, qui travaillait anciennement au Village d'après ce que j'ai compris, demandait s'il pouvait acheter les produits du ferronnier dans la boutique. Ce dernier a répondu que non, on vendait plutôt des répliques fabriquées... aux États-Unis. Il a rajouté que moins de 10% des produits vendus dans la boutique provenait du travail des artisans du site.

J'ai écouté sans m'en mêler, mais j'avoue que c'est un peu triste. Certains de ces artisans font vraiment du beau travail et ce serait bien qu'il soit revendu aux touristes, quitte à faire une section « imitation » et une section « authentique » à prix plus élevé s'il le faut. Je suis sûr que les produits trouveraient preneur. Il n'y en a pas assez pour tout le monde? Tant pis. À l'époque ce n'était pas de la fabrication de masse dont il s'agissait. Ça devrait être pareil sur le site.

Il y a trois magasins, en fait : la boutique de touriste (qui, d'ailleurs, est un coup de génie du marketing : pour entre sur le site il faut traverser la boutique et pour sortir du site il faut la traverser en sens inverse. Brillant!), le magasin général pré-20e siècle et le magasin général post-20e siècle. Dans ces deux derniers, on ne pourrait fournir que de la marchandise authentique (dans le premier surtout, que nous n'avons pas réussi à visiter) alors que la boutique pourrait contenir les produits de masse.

Après notre visite, nous voulions faire un petit tour sur le bord de la mer, mais il ventait et on avait trop froid. On s'est contenté de la piscine et de la glissoire de l'hôtel. Demain on va voir si on peut assister à un arrivage de poisson.

Un rare puits intérieur, dans la maison d'un juge




Nouveau-Brunswick IV


Vendredi 2010-08-20

Nous avons passé une superbe semaine avec du soleil à profusion. La seule journée où c'était nuageux et froid était aujourd'hui... alors que nous avions choisi de nous rendre à Magic Mountain, dans les glissades d'eau. Il a plu un peu, il faisait frisquet. Une chance qu'il y avait un bain-tourbillon avec de l'eau chauffée. Chaque fois que j'entrais là-dedans, toute ma peau piquait tellement la différence de température était grande. N'empêche qu'on a eu bien du plaisir et personne n'a été malade. C'est pas mal intéressant de dévaler une pente à 60 km/h en costume de bain. Après, bien sûr, il faut tout de même l'extirper de nos crevasses les plus intimes...

Finalement, malgré les marques de vieillesse qui s'accumulent d'année en année, j'ai encore gardé un peu de mon coeur d'enfant. Les glissades que j'ai trouvées les plus intéressantes étaient celles qui allaient le plus vite et qui tournaient le plus. Dans le noir, c'est encore plus trippant! Maintenant, si on pouvait enlever les limites (maximales) de poids peut-être que je pourrais les essayer toutes!

Après les glissades d'eau, nous avons testé la montagne magnétique. Comment ça marche? Tu descends une colline avec ton auto. Une fois arrivé au bas de la colline, tu la mets sur la position neutre et... elle remonte la colline toute seule! Comme ça! C'est assez comique comme effet. Les enfants en sautaient de joie. Un type à côté de nous n'y croyait pas. Il a placé son auto en haut de la colline, sur neutre et a tenté sans succès de la pousser vers le bas. J'ai fait un autre test : j'ai mis l'embrayage sur « D » pour voir si l'auto avancerait lors de la descente de la colline. Oui, mais très lentement et elle s'est arrêtée au milieu et ne voulait plus avancer. Très bizarre comme phénomène.

Samedi 2010-08-20

Quelques autres observations sur le Nouveau-Brunswick :
  • La vitesse maximale permise sur l'autoroute est 110 km/h. Sur les routes primaires (comme la route 117, ou 132 au Québec), c'est 100 km/h. C'est peut-être pour ça qu'il y a moins d'excès de vitesse sur les routes.
  • Des rails de train fonctionnels qui traversent l'autoroute principale (la 2) près de Moncton.
  • Les serveurs dans les restaurants n'ont jamais l'air pressé ou stressé comme à Montréal.
  • Un restaurant qui n'accepte que de l'argent comptant ou des chèques personnels... et qui me laisse quitter les lieux sans payer, afin d'aller chercher l'un ou l'autre.

2010-08-27

Nouveau-Brunswick III


Jeudi 2010-08-19

Premier arrêt : la savonnerie Olivier qui fabrique du savon à base d'huile d'olive et ingrédients naturels pour créer un savon unique, dont les propriétés sont excellentes pour la peau. Chaque membre de la famille s'est procuré « son » savon. On verra ce que ça donnera à long terme. Le mien est censé attirer le sexe opposé...

Ensuite, nous avons poursuivi notre voyage à la dune de Bouctouche qui est un écosystème protégé où nous avons passé l'après-midi. Les enfants s'en sont donné à coeur joie dans une chasse aux mollusques. Ils ont trouvé des moules, des palourdes, des couteaux de mer et des « coqs » dont je ne connais pas l'autre nom.

Pour la chasse aux mollusques, on recherche les trous dans le sable à marée basse. Une fente droite signale la présence d'un couteau de mer alors qu'une dépression ou un trou rond est caractéristique des moules et palourdes. Il faut alors creuser à cet endroit pour retrouver le (ou les) mollusque(s).

La monitrice leur a ensuite montré quelque chose de fascinant : lorsqu'on a extrait le mollusque du sable, on le dépose dans l'eau de mer et on attend quelques secondes. Le mollusque sortira alors sa « langue » pour s'agripper au sable, puis ils se cachent petit à petit sous le sable. Les palourdes et mollusques le font graduellement, mais le couteau de mer, lui, peut nager comme un poisson. Quand il se cache, il se met d'abord à la verticale puis il s'enfonce rapidement dans cette position. C'est assez surprenant la première fois que l'on voit ça.

La dune de Bouctouche a un effet plaisant : à marée basse, une partie de l'eau de mer demeure sur place et se fait chauffer par le soleil. Il en résulte une eau qui, à certains endroits, approche du 30 degrés Celcius. Honnêtement, je n'y croyais pas quand on m'avait dit ça. Mais, c'est vrai. D'ailleurs, nous sommes restés jusqu'à ce que la marée commence à entrer et effectivement, l'eau est bien plus froide qu'à marée basse.

Ma femme croit avoir croisé Antonine Maillet, l'auteure de La Sagouine, sur la promenade de la dune. Elle n'a pas osé la saluer.

Le soir nous avons mangé au restaurant « Chez 5 étoiles » à St-Louis-de-Kent qui fait une excellente pizza aux fruits de mer.



2010-08-26

Nouveau-Brunswick II


Mercredi 2010-08-18
Comme tout bon touriste, nous avons visité les attractions les plus populaires de la région. Aujourd'hui c'était le pays de La Sagouine, où nous avons pu voir une prestation de La Sagouine elle-même, Viola Léger, qui a 80 ans aujourd'hui. Elle a récité deux monologues... non, c'est faux. Elle a joué, elle a vécu deux monologues.
Franchement, elle était en pleine forme et son jeu semblait aussi frais qu'il y a trente ans, lorsqu'elle l'a interprété pour la première fois. D'ailleurs, j'ai même acheté le livre pour le lire. J’y pige que dalle, mais bon. Le français du pays est bien plus facile à comprendre lorsqu'il est entendu que lorsqu'il est lu.
Une autre interprétation que j'ai particulièrement appréciée est celle de Citrouille (je ne vois pas le nom du comédien sur le site officiel). Un mélange de théâtre et de stand-up particulièrement réussi. Il prenait à partie le public et parfois, je me demandais même s'il ne s'attendait pas à ce qu'une personne du public aille le joindre sur scène. J'ai failli y aller. J'aurions p'têt ben dû y aller.


Nouveau-Brunswick I

Un retour sur notre récent voyage au Nouveau-Brunswick
Dimanche 2010-08-15
Nous sommes arrivés ce soir à Bouctouche, sur la côte Atlantique. Ça nous a pris pas mal plus de temps qu'on pensait. En fait, on a pris un chemin plus long et je crois que ça a rajouté environ une heure de trajet. De plus, on a dû traverser des routes non pavées qui ont transformé l'auto fraîchement lavée en poussière mouvante.
Ce soir il y avait la fête des Acadiens, mais Johanne et moi étions trop brûlés pour y traîner les enfants. On a plutôt joui de la nature un peu et on a été se baigner dans la rivière près du chalet que nous avons loué. Les enfants s'en sont donné à coeur joie : sable, petits poissons, bernard-l'hermite, crabes, écrevisses (?) et j'en passe.

Quelques éléments qui m'ont frappé par rapport au Québec :
  • Il y a beaucoup plus d'églises et elles ne se gênent pas pour annoncer leurs services. Certaines d'entre elles affichaient même un site Web. Et comme ma femme m'a fait remarquer, il y avait peu d'églises catholiques. 
  • Dave's Gun Repair Shop
  • On voit beaucoup plus de drapeaux canadiens flotter chez les particuliers. On voit beaucoup de drapeaux acadiens également, mais peu de drapeaux du Nouveau-Brunswick, donc ce n'est pas une affaire de Québec/Canada. C'est peut-être, aussi, parce qu'on est arrivé peu de temps après la fête des Acadiens.
  • Sur l'autoroute principale, j'ai vu peu de plaques immatriculées au Nouveau-Brunswick. C'est donc dire que c'est une province qui dépend et attire beaucoup de touristes. Ce qui était plus étonnant : la plupart des plaques provenaient de l'Ontario. Ça m'étonne, car le Nouveau-Brunswick est juste à côté du Québec et pourtant, il semble y avoir peu de Québécois.
  • Ça m'a pris quelque temps avant de réaliser que le fuseau horaire avait changé après avoir traversé la frontière. D'ailleurs, ça m'a rappelé une question qui me turlupinait quand j'étais jeune : comment se passe la vie d'une personne qui habite d'un côté du fuseau horaire, mais travaille de l'autre côté? Est-ce qu'elle vit au rythme du fuseau de travail ou à celui du fuseau de la maison?
Lundi 2010-08-16

Journée tranquille ou nous avons un peu exploré les environs. On a visité brièvement la dune de Bouctouche, mais on s'est surtout installé et remis de nos deux jours de route.


Mardi 2010-08-17

Aujourd'hui fut une journée pour les enfants seulement. Nous sommes allés à Crystal Palace, un parc d'amusement intérieur. Ils ont passé l'après-midi dans les manèges. Johanne a passé l'après-midi au cinéma. Moi j'ai lu. J'aurais dû amener ma guitare aussi.

2010-07-28

La SAQ agit-elle illégalement?

Cette semaine j'ai discuté un peu avec un copain qui revenait de vacances dans les Rocheuses. Nous avons discuté pendant plusieurs minutes de la qualité des vins vendus en Colombie-Britannique. Selon lui, le vin de la Colombie-Britannique est aussi bon que les bons vins de France, d'Italie ou de Californie. Il dit également qu'au Québec, nous avons des vignobles qui ne donnent pas leur place non plus.

Pourtant, si l'on se fie aux produits qui se retrouvent sur les tablettes de la SAQ, on croirait que les Québécois et les Canadiens ne savent pas faire de vin. Le problème? Justement, ce serait la SAQ. En discutant avec lui, il m'a appris certains aspects des pratiques d'affaires de la SAQ, qui m'étaient inconnus. Ces aspects feraient de la SAQ la plus grosse entreprise de son genre au monde et également la plus profitable. Cependant, je me demande si une autre compagnie qui agirait de la même manière ne serait pas traduite devant la justice.

Voici quelques éléments que j'ai retenus de notre discussion :

  • La SAQ, avec son monopole, a un contrôle complet sur l'alcool qui est distribué au Québec. Je comprends le raisonnement de la compagnie qui cherche à maximiser les profits, mais ça nuit à l'industrie québécoise et canadienne.
  • Elle ne fait pas beaucoup la promotion des produits locaux, probablement parce que ce n'est pas assez profitable. Les produits locaux sont plus chers, il est vrai, mais c'est certain que si les producteurs locaux n'ont pas de moyens légaux pour distribuer leurs produits sur une plus grande échelle, ils ne peuvent pas rentabiliser leurs investissements et ainsi faire baisser les prix. 

    Je ne sais pas exactement quelle est la philosophie de la SAQ quant aux produits locaux, mais je sais que l'un des produits que j'affectionnais particulièrement (la Bolée du Minot) n'est plus disponible près de chez moi. Pour moi c'était un des meilleurs cidres que la SAQ vendait, mais maintenant si j'en veux, je dois me taper un voyage de 50 kilomètres. Bon, j'aime bien, mais il y a des limites!

    Quand j'en ai parlé aux responsables de la SAQ de mon quartier, ils m'ont expliqué que la SAQ retirait les produits les moins populaires de ses tablettes. D'accord, décision compréhensible. Ce qui l'est moins, c'est que la Bolée se retrouvait dans le fin fond du magasin, loin de la vue. Seuls ceux qui la recherchaient savaient où la trouver.
  • Lorsqu'il était en Colombie-Britannique, mon copain a demandé à un vigneron s'il pouvait lui envoyer des caisses de son vin au Québec. Le vigneron lui a dit que c'était impossible, car sinon il aurait des problèmes avec la SAQ. Cependant, il a recommandé à mon ami de poser la même question dans un autre vignoble, un peu plus loin sur la route. Chose qui fut faite et l'autre vigneron acceptait d'envoyer le vin au Québec et qu'il n'y aurait pas de problèmes avec la SAQ. En posant quelques questions, mon ami a réalisé que le premier vignoble appartenait à un grand conglomérat pancanadien, qui est l'un des fournisseurs de la SAQ. Donc, si le petit vignoble envoyait ses vins directement à un client québécois, la SAQ s'en prendrait au conglomérat. Alors, impossible d'importer son vin de certains de ces bons vignobles canadiens, à moins que la SAQ ne l'importe elle-même. Je me demande si on laisserait passer sous silence un monopole (autre que celui contrôlé par l'état) qui agirait de la sorte.

Le monopole de la SAQ prive les consommateurs de bien des produits, parce que cela coûte trop cher à la SAQ de les maintenir en stock, surtout si ces produits ne sont pas vendus très souvent. De plus, si un produit est offert dans une bannière, il doit être possible de l'offrir dans tous les magasins de cette bannière et ce, de façon régulière et prévisible. Lorsque ce n'est pas possible, on n'offre plus le produit.

Pour toutes ces raisons, il est logique de se poser la question : serait-il préférable d'éliminer le monopole de la SAQ et de permettre la compétition? Sûrement. Dans toutes les autres industries, la compétition est souhaitable, car cela permet de diminuer les prix et d'offrir plus aux consommateurs. Pourquoi l'alcool serait-il différent?

Il ne serait même pas nécessaire de privatiser la SAQ. En effet, en ouvrant la porte à la compétition, on permettrait aux consommateurs d'avoir accès à une offre « standard » à travers toutes les bannières de la SAQ. Mais cela permettrait au petit détaillant d'offrir des produits plus spécifiques, à tirage limité ou pendant des périodes précises de l'année.

Cela permettrait également d'avoir des boutiques à l'image du quartier dans lequel elles sont situées. Plus de produits haïtiens dans un quartier haïtien, plus de produits jamaïcains dans un quartier jamaïcain et ainsi de suite. Et comme le tirage serait limité, probablement que cela n'aurait pas un impact trop grand sur le chiffre d'affaires de la SAQ. De plus, on pourrait toujours limiter les produits offerts à ceux qui ne sont pas les grands vendeurs de la SAQ, afin de forcer les petits détaillants à diversifier leur offre.

Cette diversification donnerait une plus grande plate-forme de distribution aux producteurs du Québec et du Canada. Qui sait, on pourrait même imposer un contenu canadien : 30 % des produits vendus doivent provenir du Canada, par exemple.

On pourrait croire que je suis un grand consommateur d'alcool qui est frustré du manque de vin à la SAQ. Pas du tout. En fait, je ne bois pas tellement de vin, je préfère les cocktails et pour cela, on est assez bien servi. D'ailleurs, j'ai découvert un nouveau produit haïtien (le Pango de Barbancourt) dont je n'avais jamais entendu parler auparavant et qui n'est pas mauvais du tout. Donc ce n'est pas comme si la SAQ faisait mal son travail. Mais cela ne veut pas dire qu'elle devrait être la seule à le faire.

2010-04-24

Mon entrée au Centre Bell

Je reviens de mon spectacle inaugural au Centre Bell. Ginette Reno m'a acc... euh... j'ai accompagné Ginette Reno dans une interprétation de « Somebody To Love » de Queen. Ce faisant, j'ai fait la découverte des dessous moins connus de la vie d'artiste inconnu. J'ai aussi appris quelques secrets de la production d'émissions de télévision de ce genre. Mais ça, je le garde pour une prochaine fois.

C'est quoi la vie d'un inconnu dans le « show-business »? C'est beaucoup d'attente, je peux vous le dire! Je suis arrivé sur le site vers 16 h 30 et j'ai chanté pendant un gros deux minutes vers 23 h 30. Et c'était fini! D'un autre côté, ça me laisse encore 13 minutes de gloire en banque, ce qui n'est peut-être pas une mauvaise chose.

On nous avait avertis que l'attente serait longue et malheureusement, avant de quitter chez moi, j'avais retiré Millénium 2 de mon sac. Je me disais que je n'aurais probablement pas le temps de le lire. J'ai un peu regretté, mais pas trop : ça m'a permis de faire plus ample connaissance avec deux partenaires de chant et de savoir ce qui les passionnait, ce qui les animait dans la vie. Il ne me reste plus qu'à faire la même chose avec les 77 autres choristes!

À part l'attente, qu'est-ce qu'il y avait? Une chose dont je me doutais et qui m'a été confirmée ce soir, c'est que quand tu es invité comme artiste dans un spectacle, tu es invité comme artiste et non comme spectateur. J'avais espoir, j'avoue, que j'aurais pu voir le spectacle, m'approcher d'Annie Villeneuve, des gars de Simple Plan et de Ginette Reno. Ben oui, j'avais même apporté ma caméra dans l'espoir de faire un paparazzi de moi et de pouvoir montrer à tout le monde combien j'étais proche du jet set québécois. Oui, j'aurais fait l'envie de tous mes amis. Finalement, le bide total : nous sommes restés dans un salon à attendre patiemment notre tour, loin des smokings, des talons aiguilles et des décolletés plongeants.

Après avoir attendu si longtemps, je sentais mon énergie diminuer sensiblement à mesure que les minutes s'écoulaient. Je n'étais pas le seul : une de nos collègues s'est même endormie sur une table en utilisant son roman de Patricia Cornwell comme oreiller. Une seule pensée me traversait la tête; je vais bâiller aux corneilles devant deux millions de téléspectateurs! Mais au moment où l'on est venu nous chercher pour notre prestation, un phénomène intéressant s'est produit : la fatigue s'est dissipée et a été remplacée par l'énergie performance. Tout à coup, toute la fatigue de l'attente, la frustration de n'avoir pas pu voir le spectacle et la perspective d'une émeute dans les rues de Montréal dans quatre jours on disparu. Ma seule mission : rehausser la prestation de Ginette Reno par ma présence.

C'est ce que j'ai fait avec 175 autres choristes. Et c'était magique : mille personnes dont le premier ministre du Canada, le premier ministre du Québec et nos athlètes olympiques qui se sont tournés vers nous pour voir d'où provenaient ces voix angéliques.

Ouaip, on était pas pire pantoute!

Pour ceux et celles qui veulent voir de quoi il en retourne, le spectacle sera diffusé sur V à 19 h le samedi 24 avril ou sur CTV à 20 h le samedi 24 avril.

2010-03-30

Un week-end enchanté

Cette semaine j'ai fait mon premier spectacle à grand déploiement avec l'Ensemble vocal Les Enchanteurs. Honnêtement, c'est difficile d'exprimer en mots ce que j'ai vécu ce week-end. Quand j'y pense, je sens un bouillonnement de... quelque chose qui part du plus profond de mon être, mais qui est difficile à définir.

Vendredi c'était la première. Pour être en forme, j'ai fait ce que je fais rarement : une sieste. Bon, enfin, j'ai essayé, mais ça n'a pas été très probant comme tentative. Mais à ma grande surprise, je n'étais pas très nerveux. Un peu de trac, oui, mais pas vraiment d'anxiété. Je crois que je m'étais assez bien préparé pour que l'anxiété disparaisse. Même que dans les derniers moments avant de passer sur scène, au lieu de réviser les paroles et les chorégraphies, j'écoutais du Manu Chao (live) à tue-tête. Je savais ce que j'avais à faire et j'avais hâte de livrer la marchandise.


C'est un sentiment tout autre que de monter sur scène derrière un rideau. On entend la rumeur de la foule, on se demande combien de personnes sont présentes, quel genre de public c'est, etc. Ce n'est pas quelque chose auquel je suis habitué. En général, j'ai le temps de parler au public, de sentir le pouls de la salle et de m'ajuster en conséquence. Là, non seulement je ne voyais pas la foule, mais en plus tout était planifié et il y avait peu de place à l'improvisation.


Quand le rideau s'est ouvert et que les premières notes sont tombées, je crois bien que j'ai manqué de voix. Une chance qu'il y avait 79 autres personnes pour compenser! Finalement, j'étais peut-être plus nerveux que ce que je ressentais... Mais une fois que j'ai commencé à chanter, et non à simplement faire résonner des notes, ça a changé. J'ai commencé à sentir la musique et la foule et la grande famille des Enchanteurs qui m'entourait. Et là, j'ai pu commencer à livrer un spectacle.


Deux heures plus tard, c'était déjà fini. Par contre, toute la fatigue que j'avais ressentie au cours de la journée (et de la semaine) s'était dissipée. Même notre dernier numéro qui me coupait littéralement les jambes lors des pratiques, n'a pas su venir à bout de mon énergie. Si l'on m'avait demandé à ce moment-là de répéter le spectacle en entier, je l'aurais fait. C'est dire à quel point j'étais emballé. Je n'étais pas le seul. La foule a beaucoup aimé également.


J'ai reçu tout un compliment ce jour-là. Un spectateur m'a accosté après le spectacle et m'a dit : « Toi, tu m'as donné le goût de recommencer à chanter. » J'y pense et j'ai encore le sourire aux lèvres,


Samedi, c'était tout autre. Bien que nous avions livré un très bon spectacle vendredi, il y avait quelques détails dans le chant et les chorégraphies qui nous avaient embêtés. On a travaillé ces éléments avant notre prestation. Le mandat était clair : on livre un spectacle sans faille. Est-ce qu'on a réussi? Je ne sais pas si c'était sans faille mais on n'était pas loin! Tout le groupe le savait. Lorsque le rideau est tombé, ce fut une explosion de joie en arrière-scène. Tous les petits bobos qui nous avaient embêtés la veille avaient été réglés. Franchement, on flottait sur un nuage collectif. Ou du moins, c'est ce que moi je ressentais.


Patrick Rozon, notre metteur en scène, nous a raconté la réaction d'un collègue metteur en scène qui était venu nous observer. En bon français, il en était complètement flabbergasté! D'ailleurs, il nous a dit... non je garde ça pour une autre fois.


Mon compliment préféré de samedi m'a été livré par une femme : « Toi tu bouges bien! »


Le dernier spectacle était dimanche. Pour moi, comme pour beaucoup d'autres Enchanteurs, c'était la journée familiale. Comme c'est un spectacle en après-midi, c'est souvent le dimanche que les enfants viennent. C'était le cas pour moi. Je savais que lorsque je serais sur scène, 30 yeux seraient fixés sur moi pendant tout le spectacle. Et il fallait qu'ils me voient, alors... j'y ai mis le paquet! J'ai suivi les conseils de Patrick à la lettre et j'y ai mis tout ce qu'il me restait : l'énergie dans les chansons rythmées, la sensualité dans les chansons chaleureuses, le désespoir dans les moments douloureux.


Après chaque chanson je me disais : « C'était la dernière fois. » C'est un sentiment aigre-doux, à vrai dire. Je ressentais la joie d'avoir finalement livré un spectacle après plus de six mois de travail. Mais je trouvais que trois jours c'était vite passé. De plus, je commençais à m'attacher à ma gang. Une ou deux fois pendant le spectacle, j'ai senti les larmes me monter aux yeux. Tant à cause de ce que je chantais, qu'au bonheur que je ressentais d'être sur scène, que d'avoir ma famille qui me regardait faire tout ça pour la première fois.


Seth Godin écrivait récemment à propos des premières et des dernières. Les premières, dit-il, sont amusantes, excitantes et nous permettent de nous surpasser; les dernières sont plus dures que les premières, mais on s'y habitue. Les dernières ont une connotation de finalité et de fatalité qui leur sont associées. Dimanche, je vivais les deux simultanément.


Mon meilleur compliment de dimanche : la réaction de mes deux filles lorsqu'elles m'ont aperçu lors de ma sortie des coulisses. De la joie et de l'amour sans ambages, sans retenue.


Après avoir défait la scène et rangé le matériel, nous nous sommes rendus dans un petit resto pour fêter cette année de travail. Nous avons mangé, nous avons bu (un peu) et surtout, nous avons chanté! Deux personnes qui n'ont pu assister à notre prestation, pour une raison ou pour une autre, ont eu droit à une mini-représentation qui leur était spécialement dédiée. On a ri, on a revu presque toutes les chansons du spectacle (je crois qu'il n'y en a que deux qu'on n'a pas refaites) et on a cimenté les amitiés.


Le plus beau moment est sans conteste celui où nous avons chanté nos remerciements à notre chorégraphe Geneviève Lauzon et à Patrick, notre metteur en scène. J'ai déjà vécu cette expérience lorsque le chant m'était destiné. C'est tout aussi émouvant lorsque je me trouve de l'autre côté et que je le chante pour quelqu'un d'autre. C'était vraiment magique.


Cet ensemble vocal porte vraiment bien son nom : Les Enchanteurs.

2010-02-21

Café, comptes, coupures et cash

Depuis quelque temps, j'ai pris l'habitude de prendre mon café au même endroit. Je commande toujours la même chose: un café moka, soit un mélange de café espresso et de lait au chocolat. Beaucoup de cafés offrent la même chose, mais je vais à cet établissement en particulier parce que leur mélange est exactement ce que je recherche. Ou du moins, ce l'était.

Auparavant, on faisait le café en prenant un lait au chocolat déjà préparé et on y rajoutait le café. Ce mélange avait comme avantage que ce n'était jamais trop fade, ni trop sucré, ni trop chocolaté. Mais depuis peu, ils ont changé la recette. Au lieu de prendre le lait au chocolat déjà préparé, ils prennent maintenant une poudre de préparation de lait au chocolat. La recette qui jusqu'à présent fonctionnait très bien est devenue imprévisible. Parfois, le café est buvable, parfois il est imbuvable, mais rarement est-il bon. Depuis ces changements, je prends mon café bien moins souvent à cet endroit. Je vais généralement à l'endroit le plus proche, au lieu de faire un détour.

Cette semaine, j'ai fermé un de mes comptes de banque. Pourquoi? Parce que j'avais évalué l'offre de plusieurs banques afin de voir laquelle m'offrait les meilleurs services et les frais afférents les moins élevés. Je m'étais arrêté à la CIBC, car je voulais un compte en dollars américains que j'utiliserais rarement. Leur offre était intéressante : il y avait des frais pour le compte, mais seulement si je faisais des transactions dans le mois. Si je ne faisais rien, je n'avais aucuns frais. J'ai fermé ce compte, car la banque a commencé à charger des frais alors qu'elle n'offrait aucun service supplémentaire et que je ne faisais pas un usage différent de mon compte.

Toyota est en difficulté. La compagnie, qui se targuait d'offrir des voitures de qualité supérieure, est au centre d'un tourbillon de mauvaises nouvelles concernant leurs différents modèles. En effet, plusieurs modèles ont dû être rappelés afin d'effectuer des réparations diverses soit aux pédales d'accélération ou aux pédales de freinage. De plus, il y a des craintes que le système de direction sur certains modèles soit défectueux. Tout cela coûte très cher à Toyota, en frais de rappels et de réparation. Mais à long terme, c'est encore pire. Cela affecte la réputation de la compagnie, la confiance des consommateurs et pour ceux qui ont déjà des véhicules de Toyota, la valeur de revente sera affectée.

Dans les trois cas, c'est la même raison qui est à la base des problèmes que j'ai énoncés : on essaie de faire plus d'argent en n'offrant pas plus de valeur au client. Finalement, cela se retourne contre la compagnie. La poudre de chocolat coûte sûrement moins cher que le chocolat tout fait. Mais pour le client, c'est bien moins bon. La banque fait sûrement plus d'argent en chargeant plus cher pour le même service... sauf si le client cesse d'utiliser ce service. Toyota a tenté de couper ses coûts de production le plus possible. Mais à un certain moment, elle a tellement coupé qu'elle a dû diminuer la qualité des pièces. À court terme, elle a sauvé de l'argent, mais à long terme, cela leur sera très nuisible.

Je suis membre du forum d'Alan Weiss, qui a également été un de mes premiers mentors. Alan nous répète constamment que c'est la valeur qui est intéressante pour un client. Si l'on offre un produit ou un service qui représente assez de valeur pour un client, le coût associé est rarement un facteur.

Un des membres du forum d'Alan a fait le commentaire suivant cette semaine : « Chaque fois que j'ai pris une décision en me basant uniquement sur les considérations monétaires, cela s'est toujours avéré être une mauvaise décision. »

Il disait cela d'un point de vue personnel, mais il va sans dire que la même chose s'applique en entreprise, peu importe le produit ou le service offert.

2010-02-07

Séisme et leadership

Comme beaucoup de gens à travers le monde, j'ai été touché par le séisme en Haïti. En effet, plusieurs membres de ma famille y vivent et tous ont été affectés d'une façon ou d'une autre par le tremblement de terre. Il n'y a pas eu de blessés ni de morts, fort heureusement; les dégâts se limitent au matériel.


Malgré cela, j'ai eu l'opportunité de bénéficier de la générosité des gens qui m'entourent. En particulier, j'ai été approché à deux occasions pour accepter des dons à effectuer auprès d'un organisme de mon choix. Une fois par les membres de mon ensemble vocal (dont j'ai déjà parlé dans le passé) et une autre fois par le professeur de la classe d'un de mes enfants. Grâce à leur générosité, j'ai effectué un don totalisant près de 1000 $ pour aider en Haïti.


Cette générosité ne s'est pas limitée à eux, bien évidemment. L'argent et les dons affluent de partout à travers le monde. La planète entière a été touchée par le sort de ce petit pays de 9 millions d'habitants, le plus pauvre de l'hémisphère nord. Haïti avait déjà beaucoup de difficulté à régler ses problèmes endémiques et le tremblement de terre n'a fait qu'empirer la situation.


Avec l'afflux de dons et d'offres d'aide venant de l'extérieur du pays, il est maintenant envisageable de rebâtir le pays. Ce sera son plus grand défi. Nous sommes actuellement dans la phase critique : on comprend bien les besoins urgents et il est plus facile de les prioriser. D'abord trouver les survivants et sauver les blessés les plus graves, traiter les autres, donner à manger et à boire à tout ce monde. Mais par la suite, que fait-on?


Une fois tout le monde soigné et nourri, où ira l'argent? Comment va-t-on rebâtir? Comment le pays et la capitale (Port-au-Prince) seront-ils changés? Les réponses à ces questions sont fondamentales. Elles détermineront, en grande partie, si les dirigeants feront un bon usage de l'argent et de la bonne volonté du reste du monde. On a beaucoupaidé Haïti dans le passé, mais très souvent, cette aide a été gaspillée. Soit, elle n'a pas été redistribuée à la population, soit elle a été mal utilisée, soit elle a servi à enrichir les gens au pouvoir.


Selon moi, c'est une situation de dernière chance pour le pays, une dernière chance de prouver qu'il est digne de l'aide qu'on lui procure. Ce qui est une crise humanitaire devient petit à petit une crise de leadership. Si elle est bien gérée, le pays en sortira en meilleur état qu'avant le séisme. Sinon... je ne veux pas y penser. Les dirigeants haïtiens peuvent faire preuve d'un leadership que le pays a rarement connu dans ses 200 ans d'histoire. En voici certains aspects, ainsi que leur pendant en entreprise :



  • Être digne de la générosité des autres : ce n'est pas le moment de faillir à la tâche de reconstruction de manière grossière. Oui, le pays a ses failles et ses difficultés, certes on commettra des erreurs, mais il ne faut pas que ce soient des énormités. (Par exemple, que l'argent de l'aide se retrouve mystérieusement dans un coffre anonyme ailleurs dans le monde).

    On peut dire la même chose en entreprise. Les employés sont généralement remplis de bonne volonté et recherchent le succès de l'entreprise. Mais d'une manière ou d'une autre, la compagnie prend des décisions qui contrecarrent ces bonnes dispositions. Par exemple : forcer les gens à faire des heures supplémentaires sans compensation; ne jamais remercier les employés pour leurs efforts, même si cela fait partie de leur description de tâche; ne pas demander l'opinion des employés avant de prendre des décisions importantes qui auront un impact sur leur travail et leur vie, etc. Petit à petit, la motivation des employés diminue jusqu'à ce que l'on soit obligé de les menacer afin qu'ils fassent le travail minimal requis.



  • Augmenter la visibilité des dirigeants : pendant quelque temps immédiatement après le séisme, le président Préval et ses ministres étaient plus difficiles à trouver. Une des rares images du président en disait long : il expliquait à un journaliste de CNN qu'il n'avait plus de palais, plus de maison et qu'il devrait dormir à l'extérieur. Il semblait abattu. Éventuellement lui et son premier ministre, M. Bellerive, ont émergé et ont été plus visibles. Mais au plus fort de la crise, même les Haïtiens en Haïti critiquaient cette invisibilité.

    En entreprise, c'est parfois pareil. Je prends comme exemple le dirigeant de cette compagnie qui, au terme d'une réunion désastreuse avec un client, sentait que la fin était proche. Au lieu de parler à ses employés pour leur expliquer clairement la situation, il s'est plutôt réfugié dans son bureau et a fait preuve d'un mutisme difficile à briser. La trempe du leader est déterminée lors de crises comme celles-ci. C'est le moment où les « suiveurs » se tournent vers le leader. Ils cherchent une direction et un chemin à suivre. Lorsque les leaders disparaissent en période de crise, cela mine leur crédibilité ainsi que le moral des troupes. Pour maintenir la confiance, il faut augmenter la visibilité considérablement.



  • Il faut un plan de contingence : après le séisme, on a réalisé à quel point le gouvernement haïtien était en situation précaire. Le président est devenu sans-abri. Le gouvernement devait siéger dans une petite cour. Pour certains, c'était charmant et sympathique. Mais je me posais la question : dans combien d'autres pays est-ce que l'on assisterait à des scènes pareilles? Très peu, je crois. Malgré tout, le pays et le gouvernement ont survécu, parce que c'est difficile pour un pays de faillir complètement et de disparaître.

    Dans le monde des affaires, bien sûr, cette quasi-certitude n'existe pas. Il suffit de voir combien de grandes banques et de grandes sociétés ont disparu en 2009 seulement. Le plan de succession est un élément clé. Si le président de la compagnie est tué dans un accident, que se passera-t-il? Si le quartier général passe au feu, qu'arrivera-t-il? Est-ce que les assurances couvrent adéquatement les biens de la compagnie? La bonne gouvernance exige que tous ces plans de contingence soient mis en place.



  • La coordination est clé : dans les premiers jours qui ont suivi le tremblement de terre, il y a eu mobilisation immédiate pour venir en aide au peuple haïtien. Les premières journées ont été difficiles au point de vue de la coordination : certains avions contenant des médecins ont dû être détournés; il y avait dédoublement de tâches entre plusieurs organismes, gaspillant ainsi de précieuses ressources. Beaucoup d'aide et de temps ont ainsi été perdus par un manque de coordination entre les diverses priorités.

    Ce manque d'efficacité et de coordination existe en entreprise également. On ne compte plus le nombre de projets qui dédoublent les efforts d'une autre division ou d'une autre équipe de travail. Au niveau des achats aussi : on achète des produits en double ou en triple parce qu'un département ne sait pas qu'un autre département en a un surplus. Lorsqu'une personne de l'extérieur jette un coup d'oeil sur les opérations, elle peut rapidement voir et régler des inefficacités que les dirigeants à l'interne ne voient probablement pas.



  • Ne pas présumer de mauvaises intentions : les Haïtiens partagent leur île avec la République dominicaine. C'est une coexistence relativement pacifique, mais tendue. Les Haïtiens accusent les Dominicains d'être racistes envers eux, certains travailleurs haïtiens sur le sol dominicain sont traités à peine mieux que des esclaves, etc. Malgré tout, les Dominicains apportent une aide inestimable aux Haïtiens. Beaucoup d'aide humanitaire destinée à Haïti transite par les aéroports dominicains, car l'aéroport haïtien ne peut supporter un tel trafic aérien. Pour le moment, les différends qui affectent les deux pays sont mis de côté. Sans cette aide précieuse, Haïti s'engouffrerait dans la désolation la plus totale.

    Une entreprise ne survivra pas longtemps si ses leaders pensent que les clients cherchent constamment à les arnaquer (oui, j'en ai connu), ou que les employés sont des fainéants qui ne veulent qu'être payés à ne rien faire (idem). Sans que cela soit dit à voix haute, ces croyances se transmettent dans le comportement, les interactions et les décisions qui sont prises. En général, on fera peu souvent face à des escrocs. Bien sûr, il y en aura dans toutes les sphères de la société, mais règle générale, les employés, les clients et les fournisseurs sont de bonne foi. Les leaders qui adoptent une attitude en conséquence obtiendront de meilleurs résultats et plus de succès que ceux qui se laissent dominer par la paranoïa.



  • Adapter le leadership aux conditions : je crois que le gouvernement Préval faisait un travail adéquat avant le séisme. Beaucoup de problèmes ont été réglés (principalement au niveau de l'insécurité et de la violence) et les choses étaient en bonne voie. Après le séisme, par contre, son efficacité reste encore à prouver. Dans quelques années, on pourra déterminer si c'était le gouvernement qu'il fallait en situation de crise ou non. Churchill était la bonne personne pour l'Angleterre lorsqu'elle était en guerre; il ne l'était plus une fois la guerre terminée. Un leader de crise n'aura pas les mêmes caractéristiques qu'un leader en temps de paix. Le premier est très directif, donne des ordres et mène au doigt et à l'oeil, car il y a très peu de marge d'erreur. Le second est plus conciliant et peut prendre le temps nécessaire pour obtenir un consensus.

    La même adaptation doit s'effectuer en entreprise. Les caractéristiques de l'entrepreneur qui prend un germe d'idée et la concrétise ne seront pas les mêmes que celui qui doit gérer une entreprise comptant 200 ou 2000 employés et dont la mission première est de plaire aux actionnaires. Ce n'est pas pour rien que beaucoup d'entrepreneurs vendent et quittent l'entreprise qu'ils on créée à la sueur de leur front : le défi initial n'y est simplement plus et ils s'ennuient.



  • Établir une vision et la communiquer : pourquoi un employé doit-il s'affairer à accomplir les tâches qui lui sont assignées? Quel est le but ultime à atteindre? Et surtout qu'est-ce que l'employé en tire? Très souvent, les buts à atteindre sont déterminés en fonction de la compagnie, des dirigeants ou des actionnaires. L'employé, lui, n'est qu'un aspect auxiliaire de la décision. C'est pourtant un élément clé de la productivité : est-ce que l'employé sait ce qu'il doit faire et pourquoi il doit le faire? Il est révolu le temps où le patron donnait des ordres et l'employé suivait sans poser de questions. Les employés recherchent une signification à leur travail. Ils veulent une réponse à la question suivante : pourquoi?

    En Haïti, je ne crois pas que « Pourquoi? » sera une question à laquelle il sera trop difficile de répondre. La question difficile sera plutôt « Quoi? » Que fait-on maintenant? Dans le passé, le pays fonctionnait avec peu de vision. Lorsqu'il y en avait une, elle était tellement polarisée (par exemple, lors du premier mandat d'Aristide) qu'elle devenait indéfendable. Comment les leaders haïtiens (les leaders formels) réussiront-ils à créer une vision unique qui emballera les moins nantis de la société, qui feront le gros du travail, tout en engageant ceux qui contrôlent les ressources et qui financeront en grande partie le travail (les leaders informels)?




Le séisme en Haïti est l'une des pires catastrophes humaines de tous les temps, en termes absolus (près de 200 000 morts) et en termes relatifs (plus de 30 % de la population du pays est affectée). Le sort s'abat sur ce petit pays de la mer des Caraïbes et ces dernières années ont été particulièrement éprouvantes. C'est pourquoi il est encore surprenant de voir les Haïtiens chanter et sourire si peu de temps après un tel événement. Ces chants et ces sourires sont caractéristiques de la résilience haïtienne. Cela me donne espoir que le pays et ses habitants s'en sortiront, encore une fois.


Les leaders haïtiens, eux, détermineront ceci : dans quel état?


© 2010 Laurent Duperval, tous droits réservés