2008-08-11

Les émeutes de Montréal: un problème de communication

Je suis ce qui se passe présentement suite aux émeutes de la fin de semaine à Montréal. Pour ceux et celles qui ne sont pas au courant, il y a des détails ici. En résumé, un jeune homme de 18 ans, Freddy Villanueva, a été tué par un policier samedi dernier. Dimanche soir il y avait une manifestation pour dénoncer ce fait. Tout a commencé paisiblement mais les choses ont dégénéré et il y a eu une émeute.

Suite à l'émeute, les leaders communautaires et les policiers ont lancé un appel au calme et ont cherché à ouvrir la porte à un dialogue entre la population et les forces de l'ordre.

C'est une situation triste qui, encore une fois, donne une mauvaise image de Montréal. Par contre, c'est peut-être un évènement qui permettra d'améliorer les relations tendues entre les policiers et la communauté.

En entreprise, en famille, en communauté, parfois il faut une crise pour réaliser à quel point les communications se sont détériorées. Si les choses ne se règlent pas en entreprise, cela se solde parfois par des renvois, parfois par des faillites; en famille c'est le divorce ou le reniement d'un enfant; en communauté c'est le déménagement ou la continuation des problèmes.

Dans les points de presse que j'ai pu voir, j'ai noté les éléments suivants, qui portent à croire qu'il y a de bonnes chances que tout réussisse à se régler:
  • un appel au calme et à la discussion pour régler le conflit;
  • l'invitation à poser des gestes concrets. C'est bien de vouloir améliorer la communication mais cela se démontre par des gestes concrets, pas seulement de belles paroles;
  • le maire Tremblay demande une enquête ouverte et transparente. La transparence est essentielle car si la population a le moindre doute que l'on tente de cacher quelque chose ou que l'on tente de d'éviter de punir un policier, rien ne changera. Au contraire, les relations vont se détériorer encore plus;
  • le maire a évité la polémique. En particulier lors de son point de presse, quelqu'un a tenté de lui faire dire qu'il y avait un problème particulier de violence à Montréal-Nord. Il n'a pas mordu à l'hameçon en notant que c'est le genre de problème qui aurait pu arriver n'importe où ailleurs sur l'Île;
  • on note une emphase sur la recherche de solutions, pas sur le blâme. On sent cela des deux côtés du conflit. Par contre, j'ai noté dans les propos du maire des mots beaucoup plus durs envers les émeutiers qu'envers le(s) policier(s) impliqué(s) dans le décès de du jeune Villanueva.
Afin de s'assurer que les relations s'améliorent et qu'une vraie communication s'établisse, MM. Parent et Tremblay ont beaucoup de travail devant eux. Mais pour entamer la discusssion sur un bon pied, il faudra qu'ils posent des gestes rapides, concrets et visibles. Autrement, on risque de revivre une situation similaire sous peu.

2 commentaires:

Anonyme a dit...

Super le dialogue! Gros hic, les gens qui sont prêts à dialoguer ne sont généralement pas ceux qui foutent le feu aux bagnoles. La minorité de ces petits casseurs recommenceront car la mèche a été allumée. Ils prendront n'importe quelle excuse pour en venir aux émeutes, presqu'aussi dignes que celles des cités françaises. J'ai vécu pendant des années en cité et je sais de quoi je parle. Accueillir les pompiers et tous ceux étrangers à la cité à coup de pierres, continuer les petits traffics au nez des flics, j'en passe et des meilleurs. Montréal vient de subir ce qu'a commencé à subir la France il y a quelques années et qui malgré les dialogues, les rencontres de foot entre les jeunes de la cité et les policiers n'ont pas arrêté ce délir. Je me suis bougée pour sortir de la cité ainsi que mon frère et ma soeur. Ça n'a pas été facile mais pour qui la vie est-elle facile? Pourquoi aurait-on droit à plus d'aide que les autres parce qu'on vit en cité et que nos parents ne sont pas des ingénieurs? Je suis arrivée au Québec sans rien, pas de toit, à peine de quoi tenir le coup financièrement 2 mois et loin de ma famille. Aujourd'hui j'ai un travail et un apprt. à loyer. Je me suis bougée les fesses pour en arriver là et mes parents aussi se sont privés pour nous, pour qu'on puisse s'en sortir même si ma vie et celle de mes proches reste un combat constant pour se donner un avenir!

Laurent Duperval a dit...

Merci pour le commentaire.

Je salue votre courage. Peu de gens prennent leur courage à deux mains afin de quitter un lieu (travail, ville, famille) qui mine leur existence afin de se forger une existence meilleure.

Comme vous dites, il y aura toujours des casseurs et des mauvaises graines dont le but sera de causer la destruction autour d'eux. Par contre, il est possible de se mobiliser et de les mettre à la porte.

Lorsqu'on ne se sent pas accepté, ni même toléré dans un milieu, éventuellement on quitte. Il y a un quartier à Montréal qui s'appelle "Little Burgundy." Il fut un temps où c'était un quartier que même les policiers avaient peur de patrouiller.

Il y a quelques années, la communauté a décidé de se prendre en main et depuis, la situation a considérablement changé. On n'entend presque jamais parler de problèmes dans ce quartier et c'est en grande partie parce que les leaders communautaires, les policiers et la population se sont mobilisés pour faire quelque chose.

Ce genre de changement demande des efforts soutenus, une bonne collaboration et du courage. Mais cela peut se faire.

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