2011-11-29

Les employés fidèles, une utopie du passé?

Josée a eu une mauvaise année. Entre les problèmes de santé, les problèmes familiaux et les problèmes au travail, elle se sent dépassée. Le travail qu'elle était en mesure de faire régulièrement lui paraît désormais comme une montagne. Elle n'y ressent aucune joie ou sentiment d'accomplissement. Elle pense aussi qu'elle n'est plus aussi performante qu'avant. Elle décide d'en discuter avec son patron.

« J'ai vu sur le babillard d'emploi qu'un autre département a besoin de pourvoir un poste pour lequel j'ai les compétences et je pense que c'est un travail que je pourrais bien faire et que j'aimerais faire. »

« Mais, » dit son patron, « je ne peux pas te laisser partir. Tu es nécessaire ici et nous sommes déjà un nombre insuffisant d'employés. J'ai vraiment besoin de toutes les personnes que j'ai. »

« D'accord », répond Josée. « Puis-je avoir un congé sans solde, alors? J'ai besoin d'une pause pour reprendre mon énergie, remettre mes idées en place afin de pouvoir recommencer à faire mon travail comme avant. »

« Comme je l'ai dit Josée, nous avons vraiment besoin de chacun à bord. Je ne peux pas te donner plus de congés, je suis désolé. »

« Moi aussi », a conclu Josée. « Je démissionne. »

Cette vignette est basée sur une histoire vraie - en fait, sur plusieurs histoires vraies. Ce n'est pas une situation rare du tout. J'entends régulièrement des gens me dire qu'ils sont prêts à quitter leur entreprise dès qu'ils trouveront quelque chose de mieux. Dans de nombreux cas, ce qui sauve les patrons c'est que la loi d'inertie joue en leur faveur : les employés sont tellement ancrés dans leurs habitudes qu'il leur faut un trop grand d'effort pour faire les démarches nécessaires. Alors, ils restent là où ils sont et continuent de se plaindre.

Toutefois, certains employés - généralement les meilleurs - sont prêts à faire cet effort, sans plus regarder en arrière. Une fois leur décision prise, il n'y a plus grand-chose que le patron puisse faire pour leur faire changer d'avis. Les patrons se retrouvent alors dans une situation plus difficile qu'auparavant. Quelles sont les chances que vous, le supérieur d'un employé, les poussiez par inadvertance à prendre la porte? Les réponses à quelques questions peuvent vous donner une idée.

Connaissez-vous les objectifs à moyen et long terme de vos employés?

Vos employés ont-ils un avenir dans votre entreprise?

Savent-ils à quoi peut ressembler cet avenir?

Discutez-vous de l'avenir de vos employés dans l'entreprise?

En avez-vous discuté avec vos supérieurs?

En avez-vous discuté avec l'employé?

Avez-vous établi des plans de carrière avec vos employés?

Pensez-vous que ce soit principalement votre responsabilité, plutôt que celle des ressources humaines?

Avez-vous un plan de formation formel pour permettre à l'employé de se rendre là où il le désire?

Avez-vous des mesures incitatives en place pour garder les meilleurs employés heureux et prêts à rester avec l'entreprise?

Je pense que de nombreux employeurs ont renoncé à construire des plans de carrière à long terme avec leurs employés, parce qu'ils estiment que la fidélité est sur le déclin. C'est peut-être le cas, mais je pense que c'est principalement un résultat des suppressions de postes sauvages du passé. Plusieurs employés ont maintenant l'impression que faire le saut d'une entreprise à une autre est mieux pour leur carrière que de rester dans une seule entreprise. Je pense que le contraire est vrai : lorsque les employés sont heureux et épanouis au travail, ils fonctionnent mieux et sont réticents à passer par les affres de la recherche d'un nouveau poste ailleurs. Toutefois, ceci se produit seulement si l'employeur démontre clairement aux salariés à travers la parole et les actes qu'il apprécie la valeur unique et la contribution individuelle de chaque employé à la réussite de l'entreprise.

Tous les bons employés ont un désir de se sentir utiles et appréciés pour le travail qu'ils font. C'est simplement la nature humaine.

Je pense que Josée était une bonne employée, mais son patron ne semblait pas le voir ainsi. Maintenant, il l'a perdue et il est probablement dans une pire situation qu'avant. Quant à Josée, elle prend une longueur d'avance sur une passion qu'elle avait prévu poursuivre uniquement dans dix à quinze ans.

Si vous aviez été le patron de Josée, serait-elle encore à votre emploi?

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