Cette semaine j'ai discuté un peu avec un copain qui revenait de vacances dans les Rocheuses. Nous avons discuté pendant plusieurs minutes de la qualité des vins vendus en Colombie-Britannique. Selon lui, le vin de la Colombie-Britannique est aussi bon que les bons vins de France, d'Italie ou de Californie. Il dit également qu'au Québec, nous avons des vignobles qui ne donnent pas leur place non plus.
Pourtant, si l'on se fie aux produits qui se retrouvent sur les tablettes de la SAQ, on croirait que les Québécois et les Canadiens ne savent pas faire de vin. Le problème? Justement, ce serait la SAQ. En discutant avec lui, il m'a appris certains aspects des pratiques d'affaires de la SAQ, qui m'étaient inconnus. Ces aspects feraient de la SAQ la plus grosse entreprise de son genre au monde et également la plus profitable. Cependant, je me demande si une autre compagnie qui agirait de la même manière ne serait pas traduite devant la justice.
Voici quelques éléments que j'ai retenus de notre discussion :
- La SAQ, avec son monopole, a un contrôle complet sur l'alcool qui est distribué au Québec. Je comprends le raisonnement de la compagnie qui cherche à maximiser les profits, mais ça nuit à l'industrie québécoise et canadienne.
- Elle ne fait pas beaucoup la promotion des produits locaux, probablement parce que ce n'est pas assez profitable. Les produits locaux sont plus chers, il est vrai, mais c'est certain que si les producteurs locaux n'ont pas de moyens légaux pour distribuer leurs produits sur une plus grande échelle, ils ne peuvent pas rentabiliser leurs investissements et ainsi faire baisser les prix.
Je ne sais pas exactement quelle est la philosophie de la SAQ quant aux produits locaux, mais je sais que l'un des produits que j'affectionnais particulièrement (la Bolée du Minot) n'est plus disponible près de chez moi. Pour moi c'était un des meilleurs cidres que la SAQ vendait, mais maintenant si j'en veux, je dois me taper un voyage de 50 kilomètres. Bon, j'aime bien, mais il y a des limites!
Quand j'en ai parlé aux responsables de la SAQ de mon quartier, ils m'ont expliqué que la SAQ retirait les produits les moins populaires de ses tablettes. D'accord, décision compréhensible. Ce qui l'est moins, c'est que la Bolée se retrouvait dans le fin fond du magasin, loin de la vue. Seuls ceux qui la recherchaient savaient où la trouver. - Lorsqu'il était en Colombie-Britannique, mon copain a demandé à un vigneron s'il pouvait lui envoyer des caisses de son vin au Québec. Le vigneron lui a dit que c'était impossible, car sinon il aurait des problèmes avec la SAQ. Cependant, il a recommandé à mon ami de poser la même question dans un autre vignoble, un peu plus loin sur la route. Chose qui fut faite et l'autre vigneron acceptait d'envoyer le vin au Québec et qu'il n'y aurait pas de problèmes avec la SAQ. En posant quelques questions, mon ami a réalisé que le premier vignoble appartenait à un grand conglomérat pancanadien, qui est l'un des fournisseurs de la SAQ. Donc, si le petit vignoble envoyait ses vins directement à un client québécois, la SAQ s'en prendrait au conglomérat. Alors, impossible d'importer son vin de certains de ces bons vignobles canadiens, à moins que la SAQ ne l'importe elle-même. Je me demande si on laisserait passer sous silence un monopole (autre que celui contrôlé par l'état) qui agirait de la sorte.
Le monopole de la SAQ prive les consommateurs de bien des produits, parce que cela coûte trop cher à la SAQ de les maintenir en stock, surtout si ces produits ne sont pas vendus très souvent. De plus, si un produit est offert dans une bannière, il doit être possible de l'offrir dans tous les magasins de cette bannière et ce, de façon régulière et prévisible. Lorsque ce n'est pas possible, on n'offre plus le produit.
Pour toutes ces raisons, il est logique de se poser la question : serait-il préférable d'éliminer le monopole de la SAQ et de permettre la compétition? Sûrement. Dans toutes les autres industries, la compétition est souhaitable, car cela permet de diminuer les prix et d'offrir plus aux consommateurs. Pourquoi l'alcool serait-il différent?
Il ne serait même pas nécessaire de privatiser la SAQ. En effet, en ouvrant la porte à la compétition, on permettrait aux consommateurs d'avoir accès à une offre « standard » à travers toutes les bannières de la SAQ. Mais cela permettrait au petit détaillant d'offrir des produits plus spécifiques, à tirage limité ou pendant des périodes précises de l'année.
Cela permettrait également d'avoir des boutiques à l'image du quartier dans lequel elles sont situées. Plus de produits haïtiens dans un quartier haïtien, plus de produits jamaïcains dans un quartier jamaïcain et ainsi de suite. Et comme le tirage serait limité, probablement que cela n'aurait pas un impact trop grand sur le chiffre d'affaires de la SAQ. De plus, on pourrait toujours limiter les produits offerts à ceux qui ne sont pas les grands vendeurs de la SAQ, afin de forcer les petits détaillants à diversifier leur offre.
Cette diversification donnerait une plus grande plate-forme de distribution aux producteurs du Québec et du Canada. Qui sait, on pourrait même imposer un contenu canadien : 30 % des produits vendus doivent provenir du Canada, par exemple.
On pourrait croire que je suis un grand consommateur d'alcool qui est frustré du manque de vin à la SAQ. Pas du tout. En fait, je ne bois pas tellement de vin, je préfère les cocktails et pour cela, on est assez bien servi. D'ailleurs, j'ai découvert un nouveau produit haïtien (le Pango de Barbancourt) dont je n'avais jamais entendu parler auparavant et qui n'est pas mauvais du tout. Donc ce n'est pas comme si la SAQ faisait mal son travail. Mais cela ne veut pas dire qu'elle devrait être la seule à le faire.
2 commentaires:
Cela confirme un peu une des constatations que j'avais fait.
J'ai quitté le Québec pour m'installer en Ontario il y a maintenant presque 3 ans et j'avais bien remarqué que je trouvais de très bons produits québecois ici alors que je ne les avais pas vu au Québec.
Alors pour avoir du vin du Québec je devais acheter en Ontario. Très ironique comme situation.
En effet. Je crois que tant que les consommateurs n'exigeront pas plus de produits locaux, il n'y en aura pas. Mais encore faudrait-il qu'on sache lesquels sont disponibles pour pouvoir en demander...
Merci de votre commentaire,
L
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