2010-10-22

Un moment magique

Il y a de ces moments imprévus dans une vie qui sont particulièrement marquants et j'en ai vécu un hier.

 

Jeudi soir, j'ai assisté à une rencontre avec Bruno Pelletier. Je connais un peu son travail d'artiste, j'ai entendu quelques-unes de ses chansons à la radio et j'ai beaucoup aimé Notre-Dame-de-Paris. Mais je ne peux pas dire que je suis un fan, ni que je le connais bien. Normalement, je ne serais pas allé, mais l'invitation que j'ai reçue était doublement alléchante : c'était un atelier sur le chant et c'était gratuit.

 

Je m'y suis présenté avec ma femme, curieux de savoir ce que « la voix du Québec » allait nous enseigner, que je pourrais appliquer avec l'ensemble vocal dont je fais partie. Et aussi, pour que ce soit plus plaisant que les gens m'écoutent autour d'un feu de camp...

 

Finalement, ce n'est pas exactement ça qui s'est passé. Bruno a commencé en chantant quelques-unes de ses chansons, puis il s'est assis et il s'est mis à discuter avec nous. Il y avait un animateur avec lui sur scène qui posait des questions et il acceptait les questions du public également.

 

Je me suis assis aussi confortablement que j'ai pu et j'écoutais. Les questions tournaient beaucoup autour de sa vie de chanteur, comment il avait vécu les hauts et les bas, son impression du métier de chanteur, un peu sur le processus créatif, etc. Finalement, c'était une conversation avec le chanteur plutôt qu'un atelier de travail.

 

Ce n'était pas ce à quoi je m'attendais, mais le bonhomme était fort intéressant et nous a captivés pendant près de trois heures.

 

À un moment, je me suis levé pour lui poser une question, contenant un ou deux sous-points. Puis, j'avais une seconde question. J'ai posé la première et sans que je le relance, il a répondu aux deux sous-questions et a partiellement répondu à la seconde. Il m'a tout de même laissé poser ma seconde question (ouf!) et après avoir (très bien) répondu, il m'a posé une question à laquelle je ne m'attendais pas du tout : « Veux-tu venir chanter avec moi? »

 

Voyons le contexte dans son ensemble. Avant d'arriver à la salle de spectacle, je m'étais promis que s'il demandait un volontaire pour démontrer un exercice, que je serais le premier à lever la main. Alors, sans avoir réfléchi à ce que je faisais j'ai dit « OK! »

 

Et je me suis retrouvé sur scène avec lui. Ça s'est passé tellement vite que je n'ai pas eu le temps d'être nerveux avant qu'il ne pose la deuxième question : « Qu'est-ce qu'on chante? » Et là, c'est le blanc complet. Je n'ai absolument aucune idée quoi chanter. Je fouille dans ma mémoire et la seule chanson qui me vient en tête c'est « The Lion Sleeps. » Non, pas fort, pas fort.

 

Heureusement, il est venu à ma rescousse : « Connais-tu mon répertoire un peu? » Parlez-moi d'une bouée de plomb! C'est rare que je sois embarrassé, mais là... J'ai au moins eu la présence d'esprit de mentionner Notre-Dame-de-Paris et il m'a proposé « Le Temps des Cathédrales. »

 

Il est baryton, je suis basse. Il peut chanter comme un ténor. Je chante presque comme une basse. Alors j'ai dit « OK! » Il a entamé le chant et j'ai suivi, tant bien que mal, quand je connaissais les paroles. Je crois qu'un moment donné il m'a laissé chanter seul.

 

Ce n'était vraiment pas du grand chant, loin de là, mais c'était toute une expérience.

 

Ce que je retiens de ma rencontre avec Bruno Pelletier :

  • Il est d'une très grande générosité d'avoir partagé la scène comme il l'a fait, sans savoir si j'allais tout bousiller ou non.
  • C'est un homme sincère. On n'avait pas l'impression de voir un chanteur avec une carrière internationale, mais plutôt le chum, le père de famille, le mari.
  • Il a du talent à en revendre. Il joue de la guitare sans regarder ce que font ses mains (ce qui n'est pas aussi simple que ça en a l'air), il chante merveilleusement et il adore ce qu'il fait.

Au début de la soirée, à la blague, l'animateur a lancé « Messieurs, préparez-vous à le détester. » Au cours de la période de questions, un des membres du public a dit : « On ne te déteste pas, on est jaloux. » Vers la fin, Bruno nous a confié que ce qui lui faisait particulièrement plaisir c'était les hommes qui venaient le voir et lui confiaient : « Je n'avais pas envie de venir, mais finalement j'ai bien aimé ça. »

 

Bruno, j'avais envie de venir et j'ai beaucoup aimé!

2010-10-20

Les « petits » mots

Écoutez assez de conférenciers professionnels et éventuellement on vous fera part de cette réalité incontournable : 55% de notre message passe par notre langage corporel, 38% par notre ton de vois et seulement 7% provient des mots que nous utilisons.

Je me demande si Pauline Marois serait d'accord. Au cours de la session parlementaire du 18 octobre, elle a parlé d'un « petit peuple » en parlant des Québécois. Paroles étonnantes provenant d'un parti qui prône l'indépendance du Québec par rapport au Canada. D'aucuns diront même que c'est méprisant de sa part. Les humoristes et les caricaturistes vont s'en donner à coeur joie sur cette bourde.

 

Bien sûr, Mme Marois ne voulait pas dire petite en envergure, mais bien petit en taille. À 33 millions de Canadiens et près de 300 millions d'Américains, sans compter une centaine de millions de Mexicains, plus les pays des Antilles, les 8 millions de Québécois ne pèsent pas lourd dans la balance.

 

Il est vrai qu'une grande partie de ce que l'on communique à autrui passe par notre corps et notre ton de voix. Par contre, cela ne donne pas la permission (comme on le laisse sous-entendre) de dire n'importe quoi. Oui, j'ai souvent entendu le conseil suivant : « Ce que tu dis n'est pas important, c'est la façon dont tu le dis qui importe. » J'y ai cru et pendant un bout de temps, je ne faisais pas trop attention à ce que je disais, mais je m'efforçais de faire attention à la manière de le dire. J'ai appris.

 

Quand on y pense, les bons avocats sont passés maîtres dans cet art. Sachant qu'il y a une version écrite du déroulement des procédures, et sachant que cette version ne comprend que des mots et enlève tout langage corporel ou ton de voix, ils peuvent dire une chose avec leur bouche, mais jouent sur leur posture ou leur ton de voix pour donner une connotation autre à leurs propos. Sauf que lorsque l'on relit ce qui a été dit, seuls les mots demeurent. Cela peut s'avérer damnant pour celui qui répond aux questions.

 

Les mots sont importants. Quelques mots bien placés peuvent faire la différence dans la vie de quelqu'un qui fait face à l'abîme. Quelques mots mal choisis peuvent anéantir une carrière ou un espoir.

 

Quelques « petits » mots peuvent longuement hanter une vie.

2010-10-04

Le problème du courriel

Voici un exemple réaliste d'une discussion par courriel. Pourquoi je dis que c'est réaliste? Parce que ça m'est arrivé aujourd'hui.

De: Adresse Commune
A: Moi
Cc
: André, Bernard
Sujet:  Tout est prêt

Salut Laurent,

Tout est prêt, tu peux tester ça devrait marcher.

Charles

 

De: Moi
A: Adresse Commune
Cc: André,  Bernard
Sujet:  Re: Tout est prêt

Salut Charles,

J'ai testé et ça plante avec le message "Erreur 102." Qu'est-ce qui cause le problème?

De: André
A: Daniel
Cc:  Bernard, Moi
Sujet: Re: Tout est prêt

???????

 

De: Moi
A: André
Cc: Bernard, Vraie adresse de Charles (après avoir fouillé dans mes anciens courriels)
Sujet: Re: Tout est prêt

Euh... Désolé, je croyais que le message se rendrait à Charles.

 

De: Daniel
A: Moi
Cc: André, Bernard, Charles
Sujet: Re: Tout est prêt

Vous en faites pas, c'est comme ça qu'André me demande quel est le problème. Je regarde ça et je vous reviens.

Daniel

 

Ce court échange, qui a duré moins de 15 minutes, illustre plusieurs problèmes du courriel:

1. Quand on utilise une adresse commune pour faire des échanges de courriels, on ne sait jamais si le message se rend à la personne voulue ou non. Les adresses communes c'est bon pour les échanges en groupe mais pour joindre une personne spécifique, on repasse...

2. Il manque beaucoup d'information dans un message courriel: le ton de voix et la gestuelle. Si en plus, on élimine les mots pour les remplacer par des abbréviations, des acronymes et des symboles...

3. Vérifiez que vous devriez vraiment répondre à votre message. Dans ce cas, il n'est rien arrivé mais si j'avais été copié de manière anonyme (Bcc) probablement que les personnes à l'autre bout n'auraient pas apprécié.

4. Lorsque vous répondez, assurez-vous que les personnes qui reçoivent le messages sont des récipiendaires pertinents. Le message qui disait "?????" n'avait rien à voir avec moi et je n'aurais pas dû le recevoir. Je ne sais pas non plus ce que Bernard faisait dans la liste de récipiendaires.

5. "Répondre à tous" comporte parfois son lot de surprises...

Conclusion: le courriel est rapide et efficace mais si vous devez avoir une discussion importante ou une discussion nuancée, c'est un des pires véhicules à utiliser.