Dwain Chambers, le 2e sprinter le plus rapide en 2008, s'est fait attraper pour dopage. Il a avoué sa faute et pour cela, est banni à vie des grandes compétitions, incluant les compétitions olympiques. Face à cet état de fait, il a déclaré : « C'est injuste. Je suis probablement le seul qui ait été honnête, mais je ne reçois pas le même traitement que les autres. »
Je ne suis pas d'accord avec la triche, que ce soit au niveau du jeu, du sport organisé ou dans les affaires. Mais ceci étant dit, il y a une certaine part de vérité dans les propos de Chambers.
Quand je dis cela, j'ai en tête des cas particuliers :
Dans une entreprise, un employé découvre que des projets offerts à des entrepreneurs sont mal faits. Les coûts sont réduits en diminuant la qualité du travail, causant ainsi plus de problèmes à la compagnie. Ces mêmes entrepreneurs sont embauchés sur d'autres projets, où ils reproduisent le même comportement. Lorsque l'employé confronte l'entrepreneur, ce dernier le menace, lui disant qu'il n'a rien à dire. L'employé en parle à son patron, qui résout le problème en transférant l'employé sur un autre projet.
Un employé découvre de la fraude dans la compagnie. Lorsqu'il veut mettre la fraude au grand jour, il se fait menacer de se taire s'il ne veut pas perdre son emploi.
Ces deux cas ne sont pas isolés et illustrent bien le problème de la franchise dans le milieu du travail. Dans bien des cas, on récompense les personnes malhonnêtes au profit des personnes intègres. Le résultat net : perte de confiance, perte de motivation et perte de productivité, sans compter l'augmentation du cynisme des employés.
Un employé cherche à travailler pour une compagnie éthique et honnête. Lorsque qu'il découvre des cas de malhonnêteté, cela crée un malaise car il a l'impression de contribuer à cette malhonnêteté. Si cette situation se maintient, l'attachement émotif qui relie l'employé à son employeur (l'entreprise ou le patron) s'effrite petit à petit. L'humeur est affectée, la productivité est affecté, la santé même de l'employé peut dégrader. En effet, selon des recherches menées en 2008, un employé qui travaille avec un mauvais patron pendant des périodes prolongées est plus à risque d'avoir de sérieux problèmes cardiaques.
Que peut-on faire pour éviter d'être blâmé pour « la mort » de ses employés :
Plus de transparence : Réduisez la quantité de secrets face aux employés. Il n'est pas nécessaire de tout dire, mais il est plus facile de gérer les perceptions lorsque l'information est facilement accessible que lorsqu'il faut chercher longuement avant de la trouver. Plus une information est difficile à trouver, plus cela donne l'impression que l'on tente de la cacher.
Ne punissez pas le messager : un employé qui rapporte de mauvais comportements ne nuit pas à l'entreprise. En fait, c'est tout le contraire. Un tel employé aime son entreprise et veut continuer à y travailler et à contribuer. Cependant, il cherche à maintenir son intégrité également.
Mettez en pratique les valeurs de l'entreprise : comme on dit au Québec, les bottines doivent suivre les babines (en anglais on dirait, « Walk the talk. »). Toute entreprise évolue selon certaines valeurs qui doivent être véhiculés à travers les comportements des leaders. Peu de compagnies se vantent de prôner la vengeance, la calomnie ou le mépris. Par contre, lorsque l'on analyse certains comportements, on pourrait croire le contraire. Vivre selon les valeurs de la compagnie n'est pas simplement un voeu pieu : c'est la seule façon de s'assurer d'avoir les bons employés au sein de l'entreprise et d'y installer un climat sain.
La semaine dernière j'ai assisté à un colloque de chefs d'entreprise tous plus intéressants les uns que les autres. Ceux qui m'ont semblé les plus heureux et les plus accomplis parlaient de leurs employés et de leurs équipes avec beaucoup de fierté. Ils vantaient leurs bons coups tout en minimisant les mauvais coups. Et surtout, ils ne semblaient pas recommander un comportement tout en agissant d'une manière complètement différente.
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