2010-03-30

Un week-end enchanté

Cette semaine j'ai fait mon premier spectacle à grand déploiement avec l'Ensemble vocal Les Enchanteurs. Honnêtement, c'est difficile d'exprimer en mots ce que j'ai vécu ce week-end. Quand j'y pense, je sens un bouillonnement de... quelque chose qui part du plus profond de mon être, mais qui est difficile à définir.

Vendredi c'était la première. Pour être en forme, j'ai fait ce que je fais rarement : une sieste. Bon, enfin, j'ai essayé, mais ça n'a pas été très probant comme tentative. Mais à ma grande surprise, je n'étais pas très nerveux. Un peu de trac, oui, mais pas vraiment d'anxiété. Je crois que je m'étais assez bien préparé pour que l'anxiété disparaisse. Même que dans les derniers moments avant de passer sur scène, au lieu de réviser les paroles et les chorégraphies, j'écoutais du Manu Chao (live) à tue-tête. Je savais ce que j'avais à faire et j'avais hâte de livrer la marchandise.


C'est un sentiment tout autre que de monter sur scène derrière un rideau. On entend la rumeur de la foule, on se demande combien de personnes sont présentes, quel genre de public c'est, etc. Ce n'est pas quelque chose auquel je suis habitué. En général, j'ai le temps de parler au public, de sentir le pouls de la salle et de m'ajuster en conséquence. Là, non seulement je ne voyais pas la foule, mais en plus tout était planifié et il y avait peu de place à l'improvisation.


Quand le rideau s'est ouvert et que les premières notes sont tombées, je crois bien que j'ai manqué de voix. Une chance qu'il y avait 79 autres personnes pour compenser! Finalement, j'étais peut-être plus nerveux que ce que je ressentais... Mais une fois que j'ai commencé à chanter, et non à simplement faire résonner des notes, ça a changé. J'ai commencé à sentir la musique et la foule et la grande famille des Enchanteurs qui m'entourait. Et là, j'ai pu commencer à livrer un spectacle.


Deux heures plus tard, c'était déjà fini. Par contre, toute la fatigue que j'avais ressentie au cours de la journée (et de la semaine) s'était dissipée. Même notre dernier numéro qui me coupait littéralement les jambes lors des pratiques, n'a pas su venir à bout de mon énergie. Si l'on m'avait demandé à ce moment-là de répéter le spectacle en entier, je l'aurais fait. C'est dire à quel point j'étais emballé. Je n'étais pas le seul. La foule a beaucoup aimé également.


J'ai reçu tout un compliment ce jour-là. Un spectateur m'a accosté après le spectacle et m'a dit : « Toi, tu m'as donné le goût de recommencer à chanter. » J'y pense et j'ai encore le sourire aux lèvres,


Samedi, c'était tout autre. Bien que nous avions livré un très bon spectacle vendredi, il y avait quelques détails dans le chant et les chorégraphies qui nous avaient embêtés. On a travaillé ces éléments avant notre prestation. Le mandat était clair : on livre un spectacle sans faille. Est-ce qu'on a réussi? Je ne sais pas si c'était sans faille mais on n'était pas loin! Tout le groupe le savait. Lorsque le rideau est tombé, ce fut une explosion de joie en arrière-scène. Tous les petits bobos qui nous avaient embêtés la veille avaient été réglés. Franchement, on flottait sur un nuage collectif. Ou du moins, c'est ce que moi je ressentais.


Patrick Rozon, notre metteur en scène, nous a raconté la réaction d'un collègue metteur en scène qui était venu nous observer. En bon français, il en était complètement flabbergasté! D'ailleurs, il nous a dit... non je garde ça pour une autre fois.


Mon compliment préféré de samedi m'a été livré par une femme : « Toi tu bouges bien! »


Le dernier spectacle était dimanche. Pour moi, comme pour beaucoup d'autres Enchanteurs, c'était la journée familiale. Comme c'est un spectacle en après-midi, c'est souvent le dimanche que les enfants viennent. C'était le cas pour moi. Je savais que lorsque je serais sur scène, 30 yeux seraient fixés sur moi pendant tout le spectacle. Et il fallait qu'ils me voient, alors... j'y ai mis le paquet! J'ai suivi les conseils de Patrick à la lettre et j'y ai mis tout ce qu'il me restait : l'énergie dans les chansons rythmées, la sensualité dans les chansons chaleureuses, le désespoir dans les moments douloureux.


Après chaque chanson je me disais : « C'était la dernière fois. » C'est un sentiment aigre-doux, à vrai dire. Je ressentais la joie d'avoir finalement livré un spectacle après plus de six mois de travail. Mais je trouvais que trois jours c'était vite passé. De plus, je commençais à m'attacher à ma gang. Une ou deux fois pendant le spectacle, j'ai senti les larmes me monter aux yeux. Tant à cause de ce que je chantais, qu'au bonheur que je ressentais d'être sur scène, que d'avoir ma famille qui me regardait faire tout ça pour la première fois.


Seth Godin écrivait récemment à propos des premières et des dernières. Les premières, dit-il, sont amusantes, excitantes et nous permettent de nous surpasser; les dernières sont plus dures que les premières, mais on s'y habitue. Les dernières ont une connotation de finalité et de fatalité qui leur sont associées. Dimanche, je vivais les deux simultanément.


Mon meilleur compliment de dimanche : la réaction de mes deux filles lorsqu'elles m'ont aperçu lors de ma sortie des coulisses. De la joie et de l'amour sans ambages, sans retenue.


Après avoir défait la scène et rangé le matériel, nous nous sommes rendus dans un petit resto pour fêter cette année de travail. Nous avons mangé, nous avons bu (un peu) et surtout, nous avons chanté! Deux personnes qui n'ont pu assister à notre prestation, pour une raison ou pour une autre, ont eu droit à une mini-représentation qui leur était spécialement dédiée. On a ri, on a revu presque toutes les chansons du spectacle (je crois qu'il n'y en a que deux qu'on n'a pas refaites) et on a cimenté les amitiés.


Le plus beau moment est sans conteste celui où nous avons chanté nos remerciements à notre chorégraphe Geneviève Lauzon et à Patrick, notre metteur en scène. J'ai déjà vécu cette expérience lorsque le chant m'était destiné. C'est tout aussi émouvant lorsque je me trouve de l'autre côté et que je le chante pour quelqu'un d'autre. C'était vraiment magique.


Cet ensemble vocal porte vraiment bien son nom : Les Enchanteurs.