2008-10-21

Vivre avec la cécité

Hier, Stéphane Dion, le chef du parti libéral du Canada, a annoncé qu'il quitterait la direction de son parti dans quelques mois, lorsqu'un autre chef aura été élu. M. Dion faisait sa première apparition publique depuis les élections du 14 novembre, où son parti a subi l'une des pires défaites de son histoire. Cette annonce a pris bien des gens par surprise car l'on s'attendait à ce qu'il démissionne complètement et qu'il cède sa place à un chef intérimaire.

Bien que M. Dion ait accepté une part de responsabilité pour la défaite du parti, sa conférence de presse d'hier n'était pas à l'image d'un réel leader. Ce qui m'a agacé, c'est sa façon de blâmer les autres ou les évènements pour ses déboires. En particulier, il a blâmé la propagande du parti conservateur et le manque d'argent. En fait, M. Dion accepte la responsabilité de la défaite des Libéraux, sans toutefois admettre qu'il ait commis des erreurs.

Selon lui, il a fait une bonne campagne et sa plate-forme verte était une bonne stratégie. Pourtant, les résultats sont loin de confirmer cette version des faits.

M. Dion est uun homme persévérant; certains diraient même qu'il est têtu et à la fin, je crois que c'est la raison ultime de sa défaite. Il a choisi de centrer son message autour de son Plan Vert, contre l'avis de tous. Il décide de rester à la tête d'un parti en difficulté, à l'encontre de ce qui serait probablement mieux pour son parti et pour lui. Son raisonnement est intéressant: il ne veut pas laisser un parti en désarroi à son successeur. Mais avec seulement six mois pour régler le manque de financement, le guerres intestines ainsi que les défis auxquels le Canada fait face, les défis sont grands et les risques personnells sont énormes pour M. Dion. Mais il ne semble pas les voir.

La persévérance est une bonne qualité, mais par moments il faut savoir quand elle est de mise et quand il faut apprendre à laisser aller. Le laisser aller ne peut venir que lorsqu'on est en mesure de prendre du recul, d'analyser une situation froidement et de prendre une décision éclairée.

M. Dion n'est pas le seul à subir ce genre de cécité. Nous avons tous péché par excès de confiance, ou en s'attribuant une importance qui défiait la réalité. C'est aussi courant en politique (rappelez-vous Bill Clinton), qu'en entreprise (combien de PDG ont malmené leur compagnie sans admettre qu'ils causaient plus de tort que de bien), que dans nos vies personnelles.

Tout comme l'empereur qui ne portait pas de vêtements, il faut parfois une personne de l'extérieur pour nous faire voir la réalité en face. À condition, bien sûr, que nous soyons prêts à l'écouter.

2008-10-01

Un débat pour la tête

Le débat des chefs 2008 est terminé. Une formule différente où les chefs sont assis au lieu d'être debout, le tout loin d'une foule. Une formule où tout le monde était contre Stephen Harper.

Somme toute un débat relativement terne, où il n'y a pas eu beaucoup de montées de lait et où tous les candidats étaient sur leur 31.

Les éléments que j'ai retenus dans les performances:

  • Stephen Harper: a passé beaucoup de temps sur la défensive. Il a attaqué peu et s'est contenté de repousser les attaques les plus percutantes. De plus, il a passé beaucoup de temps à regarder vers le sol pendant qu'il parlait. Il a regardé les gens peu dans les yeux. C'était peut-être parce que le débat était n franais et qu'il était mal à l'aise. Mais cette attitude lui donnait l'impression de ne pas nécessairement dire la vérité. La seule fois où il a regardé dans les yeux et qu'il a soutenu ce geste était lorsqu'il complimentait Jack Layton. Et curieusement, c'est la fois où je l'ai senti le plus sincère. (Pour ceux qui n'auraient pas regardé, une des questions posées aux chefs leur demandait de complimenter la personne à leur gauche.) Tous les autres chefs ont complimenté les autres, mais c'étaient un compliment du revers de la main, les chefs trouvaient moyen de se lancer des fleurs (Duceppe) ou trouvaient moyen de ne pas trouver du bien à dire de l'autre pendant les 45 secondes (Layton, Dion et particulièrement May).

    La voix de Harper était particulièrement basse. Assez que chaque fois qu'il parlait, les autres devaient se taire afin de comprendre ce qu'il disait. Encore une fois, je ne sais pas si c'était dû à la gêne ou si c'était calculé. C'était efficace pour se faire entendre mais par contre, ça ne montre pas beaucoup de vigueur du côté d'un premier ministre.
  • Stéphane Dion: il avait la bonne habitude de répondre aux
    questions du public en regardant la caméra dans le yeux. C'est un
    excellent moyen d'établir un lien et pour Stéphane Dion c'était essentiel. Dion a été le plus combatif des cinq, probablement parce qu'il avait quelque chose à prouver. C'est celui qui avait l'approche la plus claire: critiquer Harper et immédiatement compléter en disant "Un gouvernement libéral fera..." et il disait ce qu'il comptait faire. Il a mieux paru qu'à l'habitude mais peut-être pas assez pour attirer assez de votes pour battre Harper.
  • Gilles Duceppe: fidèle à lui-même. Il est toujours très précis dans ses attaques: "Regardez à la page 30 de votre programme et vous verrez qu c'est écrit." Duceppe donne l'impression de passer son temps à lire et à noter en marge les petits détails qu'il pourra utiliser pour attaquer ses adversaires. Duceppe n'a pas mal faiit mais il n'a pas fait beaucoup de coups d'éclat non plus.
  • Jack Layton: c'est celui qui semblait s'amuser le plus. Il a souri presque tout au long du débat, il s'entendait généralement bien avec tous les autres chefs. Lui non plus ne s'est pas démarqué beaucoup et n'a pas tellement marqué de points contre Harper, ni contre les autres chefs. Ce qui m'a surpris, et qui semble détonner avec sa personnalité. c'est qu'il a eu de la difficulté à ne dire que des bonnes choes de Stéphane Dion pendant les 45 secondes où il devait le faire. Je m'attendais à ce qu'il soit le plus apte à le faire.
  • Elizabeth May: pour une première prestation, dans une langue qui n'est pas sienne, elle a relativement bien fait. Elle a une bonne maîtrise du français, ce qui m'a un peu surpris, car dans les extraits d'entrevues que j'avais vus elle semblait trouver cela un peu difficile. Elle non plus ne s'est pas beaucoup démarquée, sauf lorsqu'on lui a demandé de complimenter certaines réalisations de M. Harper. Elle a bien essayé mais elle n'a pu tenir plus de trente secondes.
Somme toute, un débat assez calme qui, selon moi, ne changera pas l'avis de beaucoup de citoyens canadiens. Le gros problème c'est qu'il n'y avait pas beaucoup de discussions qui pouvaient toucher l'électorat. Pas dans le sens "d'avoir un impact" mais dans le sens de "susciter une émotion." Pourtant, dans une scène aussi intime, c'était le moment d'utiliser des exemples, des anecdotes, des faits vécus pour aller chercher les auditeurs.

S'il fallait que je me fie uniquement à l'allure du débat pour déterminer le résultat du vote du 14 octobre, je dirais ceci: Harper défend bien son territoire et les autres chefs ne gagnent pas de terrain.
Le débat des chefs 2008 est terminé. Une formule différente où les chefs sont assis au lieu d'être debout, le tout loin d'une foule. Une formule où tout le monde était contre Stephen Harper.

Somme toute un débat relativement terne, où il n'y a pas eu beaucoup de montées de lait et où tous les candidats étaient sur leur 31.

Les éléments que j'ai retenus dans les performances:

  • Stephen Harper: a passé beaucoup de temps sur la défensive. Il a attaqué peu et s'est contenté de repousser les attaques les plus percutantes. De plus, il a passé beaucoup de temps à regarder vers le sol pendant qu'il parlait. Il a regardé les gens peu dans les yeux. C'était peut-être parce que le débat était n franais et qu'il était mal à l'aise. Mais cette attitude lui donnait l'impression de ne pas nécessairement dire la vérité. La seule fois où il a regardé dans les yeux et qu'il a soutenu ce geste était lorsqu'il complimentait Jack Layton. Et curieusement, c'est la fois où je l'ai senti le plus sincère. (Pour ceux qui n'auraient pas regardé, une des questions posées aux chefs leur demandait de complimenter la personne à leur gauche.) Tous les autres chefs ont complimenté les autres, mais c'étaient un compliment du revers de la main, les chefs trouvaient moyen de se lancer des fleurs (Duceppe) ou trouvaient moyen de ne pas trouver du bien à dire de l'autre pendant les 45 secondes (Layton, Dion et particulièrement May).

    La voix de Harper était particulièrement basse. Assez que chaque fois qu'il parlait, les autres devaient se taire afin de comprendre ce qu'il disait. Encore une fois, je ne sais pas si c'était dû à la gêne ou si c'était calculé. C'était efficace pour se faire entendre mais par contre, ça ne montre pas beaucoup de vigueur du côté d'un premier ministre.
  • Stéphane Dion: il avait la bonne habitude de répondre aux
    réponses du public en regardant la caméra dans le yeux. C'est un
    excellent moyen d'établir un lien et pour Stéphane Dion c'était essentiel. Dion a été le plus combatif des cinq, probablement parce qu'il avait quelque chose à prouver. C'est celui qui avait l'approche la plus claire: critiquer Harper et immédiatement compléter en disant "Un gouvernement libéral fera..." et il disait ce qu'il comptait faire. Il a mieux paru qu'à l'habitude mais peut-être pas assez pour attirer assez de votes pour battre Harper.
  • Gilles Duceppe: fidèle à lui-même. Il est toujours très précis dans ses attaques: "Regardez à la page 30 de votre programme et vous verrez qu c'est écrit." Duceppe donne l'impression de passer son temps à lire et à noter en marge les petits détails qu'il pourra utiliser pour attaquer ses adversaires. Duceppe n'a pas mal faiit mais il n'a pas fait beaucoup de coups d'éclat non plus.
  • Jack Layton: c'est celui qui semblait s'amuser le plus. Il a souri presque tout au long du débat, il s'entendait généralement bien avec tous les autres chefs. Lui non plus ne s'est pas démarqué beaucoup et n'a pas tellement marqué de points contre Harper, ni contre les autres chefs. Ce qui m'a surpris, et qui semble détonner avec sa personnalité. c'est qu'il a eu de la difficulté à ne dire que des bonnes choes de Stéphane Dion pendant les 45 secondes où il devait le faire. Je m'attendais à ce qu'il soit le plus apte à le faire.
  • Elizabeth May: pour une première prestation, dans une langue qui n'est pas sienne, elle a relativement bien fait. Elle a une bonne maîtrise du français, ce qui m'a un peu surpris, car dans les extraits d'entrevues que j'avais vus elle semblait trouver cela un peu difficile. Elle non plus ne s'est pas beaucoup démarqué, sauf lorsqu'on lui a demander de complimenter certaines réalisations de M. Harper. Elle a bien essayé mais ellee n'a pu tenir plus de trente secondes.
Somme toute, un débat assez calme qui, selon moi, ne changera pas l'avis de beaucoup de citoyens canadiens. Le grosproblème c'est qu'il n'y avait pas beaucoup de discussions qui pouvaient toucher l'électorat. Pas dans le sens "d'avoir un impact" mais dans le sens de "susciter une émotion." Pourtant, dans une scène aussi intime, c'était le moment d'utiliserr des exemples, des anecdotes, des faits vécus pour aller chercher les auditeurs.

S'il fallait que je me fie uniquement à l'allure du débat pour déterminer le résultat du vote du 14 octobre, je dirais ceci: Harper défend bien son territoire et les autres chefs ne gagnent pas de terrain.